Blood in the Veins
D'abord, merci à Dagoni, second conseil probants après l’excellent Peking Opera Blues et, à l’image de ce dernier, j’ai bien l’impression que ce Help me Eros est plutôt méconnue, et s'il n'est certes...
le 1 juin 2014
8 j'aime
5
Acteur fétiche de Tsai Ming-liang, Lee Kang-sheng passe derrière la caméra dans ce Help Me Eros pour… faire du Tsai Ming-liang ? Le film a de quoi surprendre en effet par sa grande ressemblance avec les œuvres de ce dernier, tout en affirmant au demeurant ses différences.
On retrouve effectivement ici l’influence du Maître dans l’agencement méticuleux des plans, très souvent fixes, et plus globalement dans le ton de l’œuvre, profondément marqué par la solitude que connaît chacun des personnages. Jamais totalement dépressif, Lee joue lui aussi avec brio sur l’humour, l’ironie et les changements de ton parfois brutaux, d’un romantisme un peu désuet à des scènes de sexe complètement timbrées en passant par des moments d’introspection plus ésotériques.
Le film se balade sur plusieurs registres, traitant notamment de l’addiction aux drogues, du manque d’affection, de la prostitution, de l’homosexualité etc. Lee parvient à concentrer tout ça dans son métrage et à le garder cohérent grâce au fil rouge de la solitude, lequel unit les trois protagonistes sans qu’ils le sachent. Il n’oublie pas, tout comme Tsai, de distiller avec beaucoup de finesse une critique du capitalisme sauvage qui a laissé tant de Taïwanais sur le carreau dans l’histoire récente du pays.
Sans doute Lee manque-t-il encore un peu de maturité dans la façon qu’il a d’aborder les problèmes qui sont devenus pour son mentor une sorte de second langage qu’il manie à la perfection à travers son cinéma. On ne peut lui retirer cependant ce lyrisme exacerbé, très romantique, qui se distingue en cela de celui de Tsai, lequel est davantage élégiaque et porté sur la nostalgie.
En atteste l’usage que fait Lee de la musique, beaucoup plus présente qu’elle ne l’est dans les œuvres du Maître. Elle sert ici moins à susciter la mélancolie qu’une forme de recueillement chez le spectateur, appelé à réfléchir sur les multiples lectures à donner à ce film au symbolisme riche et très puissamment érotique. Une très belle expérience qui ne pourra que ravir tout amateur du cinéma de Tsai Ming-liang.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films taïwanais, Les films les plus poétiques, Les meilleurs titres de films, Les films avec la fin la plus ambiguë et Les meilleurs films sur la drogue
Créée
le 6 mars 2021
Critique lue 339 fois
2 j'aime
D'autres avis sur Help Me Eros
D'abord, merci à Dagoni, second conseil probants après l’excellent Peking Opera Blues et, à l’image de ce dernier, j’ai bien l’impression que ce Help me Eros est plutôt méconnue, et s'il n'est certes...
le 1 juin 2014
8 j'aime
5
Film contemplatif à souhait, Help me Eros vous conte l’errance d’un homme, entre cannabis et histoire d’amour ou de sexe, cherchant simplement à vivre, à surpasser ses mal aitres. Le film se veut...
Par
le 1 nov. 2012
6 j'aime
1
Help me Eros, un film de Lee Kang-Shen est une œuvre contemplatif à l'instar des films de Tsai Ming-Liang (auxquels il y a joué). Ce métrage est vraiment semblable aux réalisations de son « mentor »...
le 15 févr. 2015
4 j'aime
Du même critique
Je ne vais pas y aller par quatre chemins : My Mister est l'une des plus belles séries que j'ai pu voir récemment. L'histoire de la série tourne autour des deux personnages de Park Dong-Hun,...
Par
le 29 mai 2020
23 j'aime
15
Critique de la saison 1 Stranger, de son nom original coréen Secret Forest, nous plonge dans une affaire criminelle atypique dont a la charge un procureur génial qui, à la suite d'une opération du...
Par
le 16 mars 2020
23 j'aime
11
Un an après le très surprenant Extracurricular, Kim Jin-min rempile avec un nouveau drama produit par et pour Netflix. Cette fois le bonhomme s’inspire de l’univers des gangs et des stups pour...
Par
le 16 oct. 2021
21 j'aime
1