Haaa ces anglais qui imitent les français tentant d'imiter les anglais
Après "Rocky V" je me devais de voir ce cinquième volet des aventures de Henry, notre sérial killer préféré.
J'avais dans l'esprit que Branagh était un bon metteur en scène avant qu'il ne sombre dans le blockbuster hollywoodien. Et il est vrai que le film possède des qualités scéniques indéniables. Je retiendrai surtout un beau jeu de lumière, de belles compositions, une reconstitution soignée et des acteurs tellement doués que le texte de Shakespeare semble couler naturellement.
C'est plutôt la trame qui m'a déçu. Je n'ai pas encore lu la pièce d'origine, j'ignore donc si Branagh est fidèle ou non ; mais on s'en fiche ! Le scénario propose un narrateur, une idée qui m'a rendu sceptique par ses aller-venues entre le passé et le présent, mais ce choix s'avère finalement aussi savoureux qu'audacieux. Branagh rappelle sans cesse qu'il s'agit d'un film-théâtre et que le pouvoir de l'imagination du spectateur est solicité pleinement (oui, même pour un film, et pas pour rien : hormis la bataille finale, les affrontements sont ellipsés). Malheureusment, malgré quelques autres bonnes idées (le film de guerre avec ce que cela suppose de convictions anti-militaristes), le récit se perd dans un manque d'enjeu. Au final, on a l'impression que Henry se ramène, fout la patate aux français, épouse une française et basta. Le mariage n'est pourtant pas anodin puisqu'il complète l'union des deux pays. Mais cela ne suffit pas.
"Henry V" déçoit donc pas un manque de conflits et d'enjeux, paraît même creux par moment. Les longues tirades qui ne font jamais que se répéter vont dans ce sens : certes, le langage Shakespearien est beau pour ses sonorités, mais force est d'avouer que beaucoup parlent pour ne rien dire, que beaucoup de sentiments étaient passés par le silence et que le souligner par le verbe paraît assez maladroit.
Bref, voilà un film qui n'ennuie pas mais qui, il me semble, manque d'intérêt dramaturgique malgré des qualités techniques indéniables.