l'art d'her

One of the best love movie ever...

Je l'ai vu au moment de sa sortie, j'avais été tellement bouleversé par le film que je voulais faire ma première critique sur le site... Et puis pif pouf un bug, la critique avait sauté et j'avais abandonné. Il est donc juste qu'après ce temps que j'y revienne.

J'ai mis un moment à le comprendre, mais je suis bon public pour les (très bons) love movies. Depuis longtemps donc, mais c'est probablement celui qui me l'a vraiment fait comprendre (ainsi que la trilogie before).
Quand je l'ai vu j'étais en pleine relation longue distance, donc évidemment une cible privilégiée.

Je pense que ce qui est formidable dans ce film, au-delà de l'esthétique, de la photo, du jeu d'acteur etc; c'est sa capacité à transcender une trame qui peut vraiment être casse gueule. Au départ le synopsis sent bon le cliché tout de même soyons honnête.... En lisant un mec tombe amoureux de son ordi, on se dit mouai; le bon cliché dans l'air du temps quoi... Et bien pas du tout. La force de ce scénario (comme tout bon SF qui se respecte) c'est que la trame ne soit qu'une excuse, une métaphore pour développer des idées plus profondes. Ensuite une des grandes forces du film réside dans sa capacité à ancrer l'oeuvre dans un genre d'anticipation; futur proche, tres réaliste et on se fait prendre au jeu. Par exemple la scène où seul dans son lit il se met à converser avec une inconnue de manière un peu glauque, (avec le chat mort looool) c'est très réaliste constatant l'évolution des choses actuelles.

Pour en revenir au plus important. Je trouve que l'histoire d'amour avec une IA est une belle excuse vite oubliée. La grandeur de ce film c'est de réussir à aller au delà. Ce qui aurait peut être plus difficile avec une amoureuse de chair et d'os. En plus le film est découpé en plusieurs phases, ainsi on nous ballade de belle manière et on s'en prend plein la face. Décryptant de manière forte et précise les tenants et les aboutissants de cette petite folie qu'on appel l'amour, sous des aspects très divers.
La première phase, avec ses etonnements, sa magie et la façon dont on peut être transporté dans un monde enchanté ou plutôt enchanteur. La façon dont un couple se crée comme entité; la manière dont chacun est nourrit par l'autre etc.
La seconde phase avec l'arrivée de problèmes bien concrets et qui pourtant n'ont aucun sens si ce n'est ceux très personnel de chacun. En effet elle n'est en rien concernée par ses doutes, tout comme il n'est en rien concerné par ceux de sa chère et tendre. Enfin la troisième phase, ou plutôt la fin du film tellement poignante et vraie... Le véritable amour c'est de savoir laisser partir l'autre.

On pourrait philosopher longuement sur les concepts abordés et les décryptages que ce film impose. Nénamoins ce serait très fastidieux. C'est plutôt quelque chose qui se discute, pas un truc schizophrène à écrire tout seul sur son écran.

Donc pour conclure j'ajouterais quelques détails. La scène d'amour, de sexe qui pour moi est l'une des plus remarquables vu à l'écran... Encore une fois, une très grande justesse, beaucoup de sensualité; c'est vraiment quelque chose de beau (qui contraste fortement avec la premiere et le chat mort; d'ailleurs ne pensez pas que mon pseudo est un quelconque lien LOL). J'ai d'ailleurs trouvé cela très bien de ne rien montrer. Cet écran noir est suffisant, non seulement cela pousse l'imaginaire, mais en plus dans une époque ou la pudeur n'a plus sa place, cela fait beaucoup de bien. Ensuite aucune image n'etait necessaire, non parce que l'acte physique ne pouvait être filmé mais parce que leur voix et les émotions entendues étaient déjà trop magnifiques, très fortes, l'image insipide d'un mec dans son lit avec une oreillette aurait tout gâché.

Le personnage très bien construit, que ce soit physiquement ou psychologiquement. C'est clair que son style parait assez décalé/ J'avais été un peu interloqué par l'affiche; mais en fait oui!!! Quand à sa personnalité, de grand sensible, très réservé, très affecté etc, developpé intelligemment. Un régal. Pqier les grands sensibles au vif n'est pas chose aîsée.

Le perso de l'Ia est tout aussi magistral. Epatant ce que la Demoiselle johansen fait avec juste sa voix envoutante. Et puis sa construction; pour le coup le mot est parfait puisqu'on la voit se construire en direct, à partir du point zéro. Où comment la vie, d'expérience en expérience nous forge... Encore une fois on peut relier ceci a l'enrichissement provoquer par une relation amoureuse, mais c'est un axe parallèle du film.... Comment on se construit, comment on progresse.
Soulignons que sa personnalité est vraiment intéressante, elle a du peps, de l'imagination; elle est très attentive, très compréhensive, drôle, intelligente, ouverte, douce. La liste serait longue. C'est une compagne idéale et pourtant très réaliste alors qu'elle n'existe en fait pas vraiment au sens physique.

Son rdv avec la nana est rigolo. Typique des premières rencontres, on est tout content machin chose... Pour? C'est facile de se magnifier et de ne montrer que de très bons cotés à quelqu'un qui ne nous connait pas. L'erreur de beaucoup pour ne pas apprendre à se connaitre en toute honnêteté, et la base de beacuoup de problèmes qui surgiront avec le temps.

Le trip à trois ca sentait le coup foireux, il avait raison; elle y tenait, bon... encore un bon point pour amener des erreurs du à l'évolution des technologies et centrer sur l'exclusivité ou l'acceptation des conditions.

Un autre point, son léger malaise à assumer envers autrui que son amoureuse est "virtuelle" et la réaction parfaitement naturelle de son entourage (sauf son ex).

Ah oui l'ex... Encore un point magistral, leur retrouvailles sont complexes; ses réactions à elle très véridiques dans leur virulence. La maitrise est impeccable, on sent que ses sentiments sont encore vivaces quoi qu'elle en dise et la façon dont elle s'emporte et juge montre combien elle est encore enfermée dans le passé, cherchant à le rabaisser, le détruire, le ramener en arrière alors qu'ENFIN il passe à autre chose. Il est finalement plus prêt qu'elle... (d'ailleurs la lettre qu'il lui envoie à la fin fait mal aussi... Comme si d'ailleurs il pourrait la retrouver, non qu'il le veuille comme au début mais bien parce qu'il serait prêt, qu'il a évolué, mûrit... elle surement moins en tout cas de ce qu'on a vu)

Je citerai aussi son moment de panique quand il n'arrive pas à la joindre, on sent tellement son angoisse, on est tellement paniqué à l'idée qu'un bug lui est tout arraché violemment.
Dans la même verve et c'est d'ailleurs ce qui suit les aveux d'"infidélités" qu'il se prend en pleine face. A ce moment on se sent très mal. Pourtant alors même que l'exclusivité en amour est pour la grande majorité une évidence, encore une fois le film traite le sujet avec distance et raison. L'appropriation n'est pas une solution. Nous savons tous que chaque histoire est différente et les mots tromper ou infidelité sont bien souvent mal utilisé. Car même si ce genre de comportement me rebute au plus haut point, il est vrai que chaque être fais ses propres expériences; et donc.... d'autres histoires passées ou présentes n'ont aucun lien. Cela ne veut pas dire "vive la polygamie" mais par contre trop prendre pour soi est une erreur, il faut savoir se détacher. Une personne ne nous appartient pas. Qu'on puisse être (grandement) affecté par ce genre de geste, les voir comme des trahisons est normal mais particulièrement égocentrique.

(je voulais pas trop philosopher... hum, bref)

ce qui nous ramène à la fin, car il faut bien s'arrêter. La fin est tellement poignante et sa conclusion est une grande baffe. Le plus grand amour, le plus profond le plus sincère, c'est de laisser partir l'autre. A la limite plutot que de tout gacher, monotoniser ou que sais-je encore, voilà une solution qui permet un ancrage d'un amour eternel et pur dont les plus grands romantiques rêvent sans jamais pouvoir l'atteindre.

J'aurai aimé publier juste après le visionnage, j'étais à moitié en transe, il y aurait eu une ardeur et une ferveur dans mes propos qui en aurait fait une critique très émotionnelle. Celle ci est plus distanciée, plus réflechie, moins impulsive. Mais au moins je peux enfoncer le clou après l'avoir vu plusieurs fois et avoir eu le temps de digérer.

en bref => attention... chef d'oeuvre en vu...

(ceci étant fait, je vais me le remater; ouai j'adore remater les films... allez soyons fous, un peu d'émotion pour ce soir)