L'originalité est le faire-valoir de Spike Jonze. Ce n'est pas la première fois qu'il nous transporte dans un autre univers. Son regard se pose sur un futur. Un futur dont on ne peut quantifier la distance qui le sépare de notre temps. Cette distance est paradoxalement parfaitement mesurée. Spike Jonze a su, à l'aide de décors soignés méticuleusement, de couleurs parfaitement dosées, nous intégrer à son scénario complètement irréaliste.
Le jeu de Joaquim Phoenix frôle son apogée. Il parvient à nous faire ressentir les moindres aspects de son personnage et de son histoire. Il nous emmène avec lui dans la relation cybernétique la plus concrète qu'il soit. L'osmose qui le lie à la voix suave de Scarlett Johanson apporte une sérénité totale. La performance auditive réalisée par Scarlett est des plus déconcertantes. Elle impose sa présence tout en étant rien de plus qu'un souffle émis par une oreillette. Elle incarne la présence de l'absence d'un corps.
Cette absence pèse sur ce couple. La matière manque. Ce défaut de réalité est en quelque sorte dû au monde créé par Spike Jonze. Ce monde qui parait si étrange et lointain, ne l'est peut-être pas tant que ça. Notre monde en serait-il les prémices? Le besoin de matière de l'homme reste peut-être le seul lien qui maintien le personnage sur Terre. Créer un corps à une entité impalpable ne peut suffire.
L'amour n'est finalement qu'un sentiment, qui peut prendre toutes les formes, et aucune s'il doit en être ainsi. La forme uniquement sonore donnée ici est implacablement appuyée par la mélancolie et la beauté des compositions d'Arcade Fire.
Ce qui nous transporte, avec la plus grande tendresse et amicalité, dans nos amours déchus et nos amours naissant.