Un film peu conventionnel sur les conventions humaines
Le pitch : Dans un futur proche Théodore, héros sensible qui écrit les correspondances des autres et aime les pantalons taille haute, a une vie en sommeil, téléguidée depuis une séparation douloureuse. C'est alors qu'il tombe amoureux d'un OS, programme informatique révolutionnaire... Un pitch intriguant c'est sur, mais surtout complètement casse gueule.
C'est justement parce que le sujet parait farfelu qu'on est surpris de rentrer instantanément dans le film. On est habitué à un cinéma d'anticipation qui se fait généralement plaisir avec des univers grandiloquents et irréels dans lesquels il est improbable de se projeter. Ici justement c'est l'inverse, tant l'approche de Spike Jonze est intelligente et sensible : l'expérience est sensorielle, troublante tant elle est palpable parce que ce L.A. là, ces personnages là, tout le monde pourra s'y identifier.
La plus grande qualité du film c'est à mon sens son absence de message ou du moins de jugement. On n'est pas devant une charge contre le tout virtuel qui déshumanise les sujets, mais dans une immersion dans le psyché humain, dans les sentiments d'un homme, forcément complexes, adorables et pénibles. L'approche est tendre, stylée et sans effets superflus. Joaquin Phoenix est parfait et Scarlett Johansson délestée de son image, de ses moues de bêcheuse livre pour la première fois une composition vibrante avec son plus bel atout (pas ses seins non) : sa voix.
On ne décroche pas jusqu'à la fin, fin qui m'a un peu laissé sur ma faim, complètement cohérente avec le reste mais qui prend aussi de court après tant d'inventivité. Pas très grave, Her restera un beau film peu conventionnel sur les conventions humaines.