Enfin je l’ai vu ! Deux mois après sa sortie en salle aux Etats-Unis on a enfin le droit à notre avant-première. L’attente m’aura au moins permis de reregarder « Dans la peau de John Malkovich », un film totalement fou avec un marionnettiste qui arrive à prendre le contrôle du corps de l’acteur John Malkovich. De découvrir « Adaptation » un film qui confronte la fiction et le réel en mettant en scène le scénariste du film « dans la peau de John Malkovich » en panne d’inspiration (ouais c’est taré comme idée et ça fait beaucoup de « John Malkovich » en deux phrases), et voir l’imagination débordante et violente d’un petit monstre (Max) dans « Where The Wild Things Are ».
Les précédents films de Spike Jonze montrent clairement une volonté d’originalité. Mais voilà ce qui est fou avec le producteur des Jackass (Et oui c’est lui !) c’est qu’en plus de faire original, il arrive à faire des films qui nous absorbent, qui nous prennent aux tripes. Bref des films qui favorisent autant le fond que la forme. « Her » répond clairement à cette envie. « Her » se déroule dans un futur proche où les intelligences artificielles sont suffisamment développées pour être capable d’adopter un comportement social et de nouer des relations avec leur propriétaire. Theodore Twombly (Joaquin Phoenix) a rompu avec son épouse Catherine (Rooney Mara) et est depuis devenu un être solitaire et mélancolique. Un jour il décide de tester le nouvel OS équipé de la super IA qui choisira au premier démarrage de se prénommer Samantha (Voix de Scarlett Johannson) et très vite la complicité naissante évoluera vers une relation amoureuse.
Donc vendredi 14 en cette journée de Saint-Valentin j’ai décidé d’aller voir une romance entre un ordinateur et un humain. Je vous avais prévenu que ça allait être fou ! Fou c’est également ce que l’on peut dire du jeu d’acteur de Joaquin Phoenix. C’est impressionnant de le voir tenir l’écran avec subtilité en étant quasiment seul durant 120 minutes et en interagissant uniquement avec une voix, celle de Scarlett Johannson. Son rôle est un personnage empathique capable d’imaginer une histoire sur des inconnues, il ressent les mots et est extrêmement doué pour exprimer des sentiments. Il tombe donc amoureux de Samantha qui à défaut d’avoir un corps possède une voix fascinante et est tellement communicative qu’on arriverait presque à la matérialiser. D’ailleurs Scarlett Johannson devrait faire des doublages pour des films d’animation ! (après avoir écrit cette phrase j’ai rapidement fait un tour sur sa filmo et j’ai découvert un terrible secret. C’est elle la voix de Mindy dans « Bob l’éponge-le film »… Fuck).
Bon je vous ais vanté l’originalité de Spike Jonze donc je suppose que vous l’avez deviné, la romance n’évolue pas d’une manière classique. Genre, ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants (des puces, des cartes-mères… WTF ?). Spike Jonze utilise des codes de la comédie romantique il alterne entre scène comique et plus dramatique, mais il décide de ne pas traiter uniquement un moment de la relation mais cherche finalement à l’ancrer dans une époque plus moderne à la vision peut être moins naïve et plus globalisante. Théodore représentant la figure naïve et Samantha le système d’exploitation représentant le monde plus globalisant (par ses accès à toute connaissance). De plus le film de Spike Jonze pose en arrière-plan des questions sur l’avenir des IA, par exemple sur le contrôle que l’on en a et comment des processus doués de consciences et libres de leur action peuvent être considérés ?
Ce qui est intéressant avec Her, c’est qu’il possède une identité visuelle propre mais qu’au fond le seul véritable élément de science-fiction c’est l’intelligence artificielle. Le reste existe plus ou moins déjà et répond au principe du cycle des modes et de l’éternel retour. C’est une sorte d’univers rétro-futuriste ou la technologie côtoie la mode des années 30 et sérieusement je suis amoureux du rendu. Le mobilier avec les couleurs chaudes très pastels sublimés par les cadrages et l’éclairage extrêmement lumineux des pièces, raaah ça pétillait à l’écran. Au niveau vestimentaire jamais je n'aurais pensé dire que les pantalons tailles hautes pouvaient faire classe.
Pour terminer l’habillage du film il ne manquait plus que la musique, et c’est Arcade Fire qui s’y colle. Autant être direct, j’adore la bande-son. C’est doux, calme, plein d’émotion, pas envahissant mais marquant. A écouter en boucle ! Bref je pense que je ne risque pas grand-chose en disant qu’il s’agit certainement d’un chef d’œuvre et je vous conseille fortement de sauter dessus dès sa sortie en salle.