Her c'est un petit bijou touchant, bouleversant de sensibilité et de poésie, qui restera sans doute dans les films marquants de 2014. Pendant deux heures, Joaquin Phoenix interprète le rôle de Théodore, cet homme en période difficile de divorce, seul, terriblement seul, faisant la rencontre d'un système d'exploitation ; dont seule la voix de Scarlett Johnson parvient à donner vie à ce personnage invisible.
Le scénario m'a, brièvement, fait penser à un certain épisode de Black Mirror ("Be Right Back" — Saison 2), qui était assez terrifiant à vrai dire. Toutefois, même si les deux histoires possèdent des similitudes, Her se met en avant, grâce aux émotions que ce film dégage. Bien évidemment, la photographie y est pour beaucoup: les jeux de lumière, sont très bien maîtrisés et accompagnés de musiques calmes (merci Arcade Fire!), allant on ne peut mieux avec l'ambiance onirique, cotonneuse et feutrée — rarement au cinéma on n'assiste à une telle sensibilité, à une telle expérience voluptueuse. De plus, les touches d'humour qui parsèment le film apportent une belle légèreté, sans jamais entacher ce tableau fluide.
Mais le point fort, c'est l'alternance entre les moments de plénitude et de calme, dans cet univers moderne, épuré, futuriste ; et les dialogues, finement écrits. Ces échanges se font de plus en plus intenses entre Théodore et Samantha, tandis qu'autour d'eux, chacun semble individualisé, au bord du solipsisme, coupé de la communication. La communication d'ailleurs, un des thèmes importants. Car le réalisateur présente, sans trop brouiller nos repères, des objets technologiques de plus en plus performants, renforçant pourtant la solitude de chacun. Une vision assez probable d'un futur proche..
Je reprocherai un film un peu trop long, trop étiré dans la durée ; mais je le conseille néanmoins pour les différentes réflexions qu'il propose: sur les limites de la technologie, sur la définition de l'amour, du désir, tout en mélancolie et en douceur, au travers d'un personnage auquel on peut facilement s'identifier.