Théodore est un homme au parcours sentimental des plus banals en ces temps courants : un divorce, une histoire dont il ne se remet guère lui laissant un vide à la place du cœur, un manque à combler qui ne passe pas. L'identification se tisse rapidement, et s'inscrit dans un fardeau commun à tous ces cœurs rabibochés qui ont un jour cherché quelque chose à quoi s'accrocher : trouver de quoi avancer.
L'originalité va se puiser dans l'objet dans lequel il va noyer son oubli : un système d'exploitation à voix féminine, qui agira et ressentira tel un prototype doté d'humanité. La désillusion est grande, et vite nous sommes amenés à un paradoxe, un embrouillamini d'émotions qui ne s'expriment : entre malaise et compassion.
Spike Jonze soulève là le problème de nos sociétés contemporaines : la place de la technologie dans notre environnement sentimental. Jusqu'où transformera-t-elle nos rapports humains? Sommes nous voués à virtualiser nos moindres relations jusqu'à ce qu'on en oublie le toucher de la peau de celui qu'on aime pour n'en retirer qu'une image mentale, allons nous bientôt inventer des objets pour reproduire leur parfum ou le toucher de leur peau? C'est un tableau morose pour l'avenir de l'Être humain, qui semble toutefois être rappelé à l'ordre par le rétablissement d'un semblant d'équilibre à la fin.
Si près, mais si loin : nous oscillons dans un antagonisme parfait.