Autopsie d’une histoire d’amour virtuel
Pourriez-vous tomber amoureux d’un ordinateur ? C’est la question pertinente qui sert de fil rouge au nouveau long métrage de Spike Jonze, le réalisateur discret de Dans la peau de John Malkovich ou plus récemment Max et les maximonstres. Fort du développement fulgurant des technologies numériques, ce dernier imagine, dans Her, un futur (loin d’être improbable) où les programmes informatiques auraient la capacité d’évoluer en s’adaptant à la personnalité de chaque utilisateur, autrement dit, des systèmes autonomes avec leur propre individualité. Le personnage principal, magistralement interprété par Joaquin Phoenix, enfermé dans une solitude infinie, ne met ainsi pas longtemps à tomber amoureux de la voix du programme ‘’Samantha’’ (Scarlett Johannson), qui discute, rit et joue avec lui. Si le récit reste d’anticipation, le propos de Spike Jonze est cependant des plus actuels, ce logiciel étant très proche de la virtualisation de nos rencontres depuis l’avènement du numérique, le réalisateur proposant ainsi un avertissement lucide contre l’isolement et la solitude qui guette nos sociétés. Ce message intelligent est secondé par une mise en scène d’une maîtrise étonnante et une esthétique singulière aux tons pastels, lumière chaleureuse et costumes années 60, visuellement sublimes. Ainsi, Her est une œuvre d’une grande sensibilité et, même si elle tend parfois en longueur, nous parle d’amour véritable avec une finesse et une élégance réjouissante, loin de la superficialité ambiante.
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