"Cogito ergo sum" : Je pense donc je suis

Comment décrire cet étrange sentiment qui me parcouru lors de la vision de ce film... Ah oui, j'oubliais !

Her, oscar du meilleur scénario, jaquette intrigante, et titre ... envoûtant, est une comédie romantique, dramatique et de science fiction.

Alors je vous préviens tout de suite, moi et les films romantiques baignés d'eau de rose insipide ne sont pas mais vraiment pas ma tasse de thé. Les rares fois où il m'arrive d'en visionner un (à mon plus grand désespoir) c'est à la suite de multiples supplices de ma fiancée qui, elle, ADORE les films romantiques ... Bref, étant donc en sa présence et voulant lui faire plaisir, je me suis mis activement à la recherche d'un tel film. Que ne fut ma surprise en voyant que ce "Her", couronné de plusieurs distinctions (dont la note des membres de ce fabuleux site), mêlait romance ET science fiction... je m'apprêtais ainsi à le visionner ne m'attendant à rien de particulier, ma curiosité étant cependant titillée.

C'est donc là, espérant ne pas être emporté dans les bras de Morphée, que je découvris la grandeur, la fougue, l'originalité et la passion de ce film.
"Her" n'est pas qu'une romance, c'est une réflexion sur la vie, sur les interactions entre Hommes (au sens général), et entre les deux sexes. Plongés dans un monde plus ou moins futuriste, Spike Jonze nous délivre une oeuvre de toute beauté, dans laquelle la question de l'intelligence artificielle (thème fréquent dans le 7e art) et de son éthique est posée. Certes, vous me direz que cette question n'est pas encore d'actualité, mais "Her" ne se consacre pas uniquement à développer ce problème (largement étudié dans le magnifique "Eva"), en donnant une approche plus prosaïque à nos rapports virtuels favorisés allègrement par toutes les nouvelles technologies.

Ce film raconte l'histoire de Theodore Twombly qui, n'arrivant pas à se remettre d'une rupture, fait l'acquisition de ce programme informatique d'intelligence artificielle. Et c'est là que commence le bonheur : je parle surtout du bonheur des mots (amusant quand on sait que Theodore est écrivain). Car justement, ce film, par son scénario, exclu presque totalement la présence d'interaction physique, et c'est simplement les paroles qui nous permettent d'entrevoir les émotions et même la gestuelle de quelqu'un qu'on ne voit pas.
Ainsi, notre Theodore entre en relation avec son ordinateur... vous avez bien compris je parle bien de la beauté d'une relation avec un ordinateur ! Mais alors, qu'est-ce que l'amour, que sont les échanges entre êtres humains, est-ce que les relations virtuelles peuvent elles avoir autant de force que les "réelles" ; mais alors qu'est-ce qui est réel et qu'est ce qui ne l'est pas ... Ce sont toutes ces questions qui sont abordées; nous laissant dans un tel état d'émerveillement mais aussi d'effroi qui font de ce film un des plus marquants dans le genre à mes yeux.

Le jeux de Joaquin Phoenix est juste exceptionnel : il arrive avec une telle conviction à nous faire passer ses émotions : ses doutes, ses inquiétudes, ses joies et ses tristesses; qu'il est rapidement pris d'affection et d'intérêt.
Imaginez bien qu'il tombe amoureux d'un programme informatique ( Samantha ), ou plutôt d'une voix, celle de Scarlett Johansson, remettant en compte toutes ses pensées sur l'amour et sur les rapports aux autres. Il serait abusif de parler d'homme asocial, Theodore est simplement un homme voulant être heureux et qui, sans se poser trop de questions, trouve ce bonheur dans cet amour non palpable mais tellement intense et passionné.

Vous l'aurez compris, la critique que je tente d'écrire sur ce film est assez complexe, tant mes sentiments sont bouleversés par la force qui s'en dégage et qui nous envahit. Pour ainsi dire, "Her" fut pour moi une révélation me permettant de comprendre à quel point les mots ont un sens, une importance et une puissance que jamais le corps ne pourra atteindre.

C'est alors avec le célèbre "cogito ergo sum" (je pense donc je suis) que je vais conclure : si penser et être sont liés et si le fait d'évoquer sa pensée passe par les mots et par la connaissance des autres, pas dans la superficialité de leur enveloppe corporelle, mais au plus profond d'eux mêmes; alors toute relation : réelle, virtuelle et je dirai même imaginaire , nous font exister et font exister les autres. Ce n'est pas la manière dont nous paraissons aux autres qui détermine ce que nous sommes mais la manière dont nous pensons et dont nous nous exprimons.
C'est ce que conte ce film et c'est pour moi une immense réussite.
Gregori_A
9
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le 3 mai 2014

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Gregori_A

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