Critique pour le site Le Bleu du Miroir
Premier long-métrage de Nikos Labôt, Her job aspire à une révolution féministe qui, hélas, n’a pas lieu. Il y a pourtant une matière propice à l’émancipation, mais en forçant les traits sur les difficultés initiales de son héroïne Panayiota, le réalisateur grec ne fait qu’accentuer une soumission patriarcale, dont le personnage principale fait face avec une certaine mollesse qui finit par agacer malheureusement.
Mère au foyer dévouée à son mari et à ses deux enfants sans réelle gratitude de leur part, Panayiota incarne le profil même de la femme dépendante dont l’existence est ignorée. Mais un changement s’opère lentement avec la crise grecque, cette dernière étant obligée de prendre un travail pour la première fois. Une obligation qui s’avère être libératrice pour elle. Peu à peu Panayiota semble s’émanciper, découvrir l’indépendance financière, construire de nouvelles amitiés. Mais tout ceci n’est qu’un leurre : si elle « a quitté la demeure familiale pour le domicile conjugal, passant d’une domination patriarcale à une autre », son emploi de femme de ménage n’échappe pas à la règle. Elle demeure sous le joug masculin, manipulée par son supérieur qui tire profit de sa naïveté et son analphabétisme.
Si la mécanique de domination virile, ainsi que les rapports conflictuels homme-femme au sein d’un couple sont décrits avec pertinence, la victimisation de Panayiota désert le récit. L’actrice Marisha Triantafyllidou épouse parfaitement cette femme lassée, la passivité de son caractère lui colle à la peau, mais que trop bien et finit par rendre le film poussif… Au lieu d’un manifeste pour l’affranchissement féminin, Her job ne fait qu’ancrer les dysfonctionnements dans la pesanteur de la crise grecque, sans phare, en prise réelle avec un quotidien qui assomme, où la femme est piégée.