Ahi va el diablo fait partie de cette mouvance issue d’une volonté de développer le genre horrifique en Amérique Latine. Malgré ses producteurs américains, et un réalisateur mexicain, le film garde donc une forte identité sud-américaine. Malgré un maigre budget, il n’en demeure pas moins une oeuvre intéressante, poussant l’exercice au-delà du simple film d’horreur classique à enfants maléfiques. Presque construit comme une enquête, il tourne autour d’une question cruciale : qu’est-il arrivé aux enfants lors de cette nuit passée seuls sur la colline ? Tout comme leurs parents inquiets, nous imaginerons peu à peu les pires scénarios.

Justes et crédibles, les deux acteurs évoluent sans accrocs à travers un thriller bien construit, parfois long (on n’est jamais hors d’haleine) mais jamais ennuyeux. Une de ses particularités réside dans son caractère hautement sexuel, parfois avec une grande sensualité, souvent de manière malsaine. Et surtout, dans une ambiance entretenant la confusion.

Car Bogliano se joue bien de nous et maintient une ambiguïté constante entre le réel et le surnaturel. Il crée une atmosphère cauchemardesque, distillant peu à peu celle-ci au sein du quotidien de cette famille lambda à laquelle le spectateur peut facilement s’identifier. Les moindres détails peuvent devenir source d’angoisse comme ils le sont parfois dans nos vies : un inconnu à la démarche étrange et au regard insistant, l’entrée ténébreuse d’une grotte, etc. Il y a quelque chose de terrifiant à introduire peu à peu l’horreur dans un environnement familier, dont les protagonistes s’enferment dans une paranoïa sans savoir si celle-ci est justifiée.

Ici, le Mal en tant que tel pourra souvent être discerné comme faisant partie intégrante de l’Humain, sans forcément être une force surnaturelle et démoniaque. Est-ce la métaphore d’une critique envers cette propension à rendre le Diable responsable de nos maux, afin de se déresponsabiliser ? La grande majorité du film est sujette à au moins deux interprétations, mais le dénouement se fera sans équivoque.

(Bon plus sérieusement, qui laisse ses enfants gambader seuls le soir à travers les collines ?)

Here comes the devil s’est déjà fait remarquer en raflant les récompenses au Fantastic Fest 2012, festival de genre organisé tous les ans au Texas. C’est le troisième long-métrage de Adrián García Bogliano, à la suite de Penumbra (2011) et I’ll never die alone (2009). L’on retrouvera une contribution du réalisateur dans ABC’s of death (B is for Bigfoot), également projeté au PIFFF 2012.
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le 18 nov. 2012

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