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le 20 oct. 2018
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Nous allons au cinéma pour avoir peur, pour jouir de l'émotion sursaut, des cris stridents, du sang. Nous aimons la peur, une fascination morbide qui nous réconforte par le rocambolesque des auteurs du 7ème Art. Hérédité ne s'aventure pas sur les chemins du frisson mais ceux de l'angoisse. Celle de la mort et surtout de la vie.
Qu'est ce qu'il y a de plus malsain qu'un quotidien non-romancé, rongé par la tristesse et la douleur, dévoré par l'inexorabilité de l'existence? Hérédité embrasse un genre nouveau et absorbe le public dans une terreur commune, celle de la finitude de soi et des êtres aimés.
On touche du bout des doigts la frontière d'un monde que l'on cherche quotidiennement à nier mais l'incroyable Toni Collette est là pour nous rappeler la fatalité même notre destinée. Les expressions de cette mère de famille détruite par la mort de sa fille handicapée résonnent au plus profond de nos entrailles. Les doutes, le remord, les griefs rongent cette famille d'apparence lisse pour la conduire inexorablement vers sa perte. Le naturel devient peu à peu effrayant et la descente aux enfers de ces gens innocents est magnifié par une mise en scène abyssale, avec ses prises de vue symétriques, ses longs travelings horizontaux et ses brusques changements d'ambiance.
Si le film est parfois long voir absurde c'est une nécessité pour contempler cette désolation de l'âme. Premier film d'Ari Aster, Hérédité est étonnant de maîtrise et de maturité sur des sujets aussi sensibles que le deuil et la mort enfantine. Notons aussi la présence du trop rare Gabriel Byrne et la révélation Alex Wolff dans le rôle du fils, un jeune homme qui ne mérite en rien le destin qui l'attends.
Ari Aster pioche chez les plus grands maîtres de l'horreur. Il aime profondément ses personnages et il peine à s'en séparer. Mais il offre un dernier acte magistral qui fera hurler la salle entière. Si on peut lever un sourcil devant une fin quelque peu informe et un scénario qui s'égare parfois, on ne peut qu'applaudir devant tant de terreur.
On ressort de la salle l'estomac noué et on ne demande qu'une chose: de l'air. Rien de tout cela n'est réel. Quoique...
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Créée
le 13 juin 2018
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