Les films d'horreur ont pas mal regagné leurs lettres de noblesse ces dernières années. Auparavant réduits au slasher bête et méchant, aux gores et aux monstres informes, la scène indé s'est réapproprié le genre avec une utilisation différente des codes et des ambiances, davantage en subtilité et avec ainsi un regain de tension là où tout devenait prévisible et ennuyeux à la longue. On pensera ainsi à la série "Conjuring", franchise maintenant très populaire, "It follows", "Get Out", "A Quiet Place", "The VVitch", etc.


Chacun à sa manière s'est d'abord concentré sur ses personnages avant les monstres qui les assaillent.


"Hérédité" se retrouve dans cette mouvance, qui privilégie autant la tension que les rapports entre les personnages et le lien qu'ils entretiennent avec les événements qui leur tombent dessus.
Ainsi, au-delà de son aspect horrifique, on retrouve un vrai discours sur la famille et le poids du passé, la façon dont il façonne qui nous sommes.
Tony Colette est remarquable dans son rôle de mère aimante mais traumatisée par sa propre mère, maintenant disparue, et qui pourtant continue d'exercer une influence profonde sur sa vie et dans ses rapports avec son mari et ses enfants.
Toute la première partie d'ailleurs s'attache à explorer l'aspect psychologique et les dommages que chaque proche peut se causer l'un à l'autre, notamment lors d'un passage particulièrement puissant lors d'un dîner en famille, après la première tragédie de l'histoire. Toute la frustration explose, tous les sentiments sont mis à nus, portés à la fois par la colère et par l'amour, et on se dit que ce film s'attache avant tout à nous montrer l'horreur psychologique d'une famille déchirée, et que c'est aussi effrayant que n'importe quel tueur en série.


Même quand le surnaturel fait finalement son apparition de manière plus tangible, c'est le désespoir et les liens entre cette famille qui reste au centre de tout. "Hérédité" conserve son focus sur son sujet, et nous permet de vraiment nous sentir impliqué dans les événements. Événements qui semblent inévitables et hors de notre contrôle, ce qui est un autre thème fort.


Le film sait aussi jouer avec nos nerfs, notamment avec son utilisation de la musique et des sons, qui, comme tous les amateurs d'horreur le savent, sont indissociables d'une bonne tension, autant que les images. Le dernier acte joue terriblement avec nos attentes, et une scène en particulier m'aura fait fermer les yeux, tant la tension m'était insupportable.


"Hereditary" se regarde au final comme un excellent film d'épouvante, en utilisant une thématique universelle qui ancre dans notre réalité ces événements horrifiques, nous les rendant en même temps plus crédible et plus effrayant encore.

Therru_babayaga
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le 17 oct. 2018

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Therru_babayaga

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