Heretic est frappé du sceau du studio A24, respectant la ligne esthétique ainsi que le dispositif restreint adopté comme fil narratif chers au cinéma d’Ari Aster, entre autres. Dès lors, ce qui impressionne le plus n’est pas tant la dégringolade horrifique, puisqu’elle applique un cahier des charges des plus convenus, mais l’attente de son surgissement : dix, vingt, trente, quarante minutes sans que rien n’advienne véritablement alors qu’en réalité, tout se passe là, sous les yeux des deux jeunes missionnaires. Le film cultive non sans habileté le détour comme façon d’illustrer, et ainsi d’argumenter : les chansons, les jeux de société et les fast-foods sont des biais par lesquels interroger la croyance, notion ici débattue lors de tunnels de dialogues dialectiques tour à tour surprenants et bien écrits. Est menée une réflexion sur l’illusion, opposant miracles et tours de magie ordinaires, contrôle et conditionnements extérieurs, originale et copies. La clausule déçoit forcément parce qu’elle tranche tout en feignant de maintenir ouvert le débat – dixit Mr. Reed, « la religion est un outil de contrôle bien ordinaire » –, réorientant le long métrage du côté du film de survie avec un ultime élan prévisible. La théorisation verbeuse de chaque action finit par nuire à l’ensemble, lui conférant des airs de premier de la classe et de prestidigitateur auquel nous aimerions reprocher la longueur de son spectacle de marionnettes : les personnages n’existent qu’en qualité de fonctions scénaristiques, loin de l’altruisme célébré à terme. Une curiosité prétentieuse mais néanmoins digne d’intérêt, portée par de très bons acteurs.