La première séquence est un bon condensé de l'esprit bordélique du venir : on y voit une femme se faire agresser dans un parking par 3 hommes masqués qui finiront rapidement par être abattus sans scrupule par un justicier armé. Les premiers plans laissent penser à un thriller glauque et sordide mais le cabotinage affligeant des criminels (peu crédibles, le chef étant affublé d'un pull snoopy !!) donne finalement à penser qu'on est devant un pastiche avant que l'arrivée du sauveur nous propulse dans une "Bronsonerie" bien réactionnaire... Sauf que ce dernier se réveille d'un cauchemar pour mieux repenser à l'agression sauvage de sa famille... pour mieux enchaîner sur une peinture sociale peu reluisante sur une jeunesse trouvant refuge dans la drogue.
En 10 minutes, on a déjà pas moins de 4-5 genres qui se télescopent et Heroic Brothers n'en choisira aucun, rajoutant encore une louche de comique via ce bon vieux Shing Fui-on qui, après avoir assassiné un homme, fait le clown quelques séquences plus loin dans deux scènes comiques improbables et sortis de nulle-part.
James Wu Kuo-ren (aka Ng Kwok-Yan) n'a pas du avoir le temps de se poser de questions de toute façon car le film semble vraiment avoir été improvisé et mis en boîte en quelques jours à une cadence infernale. Le genre de film où on ne fait même pas une prise par plan mais où on se contente de filmer les répétitions. Les comédiens ont l'air une fois sur deux à l'ouest, voire carrément perdus pour les seconds rôles. Cette urgence semble tout de même convenir au cinéaste qui n'est pas non plus un tâcheron et tourne à l'économie avec même un p'tit plan-séquence et une caméra souvent en mouvement pour cacher un peu la misère comme les moments dans les boîtes de nuit, cadrés sur ressorts.
Si l'histoire ou les personnages sont inconsistants (en regrettant la disparition de l'aspect social) et que la morale est sacrément douteuse, on est devant une série B fauchée mais plutôt correctement rythmée pour ses scènes d'actions entre l'ouverture "choc", un combat assez pêchu dans une boîte de nuit qui fait honneur à ses cascadeurs, un règlement de compte dans un club de sport, une fusillade dans un dock et quelques moments plus brefs à gauche et à droite. Une fois de plus, on n'est pas chez Corey Yuen ou John Woo mais le job est fait correctement et pas trop mal reparti sur l'ensemble du film malgré un passage à vide qui lance le dernier tiers.
Par contre le final est vraiment fun et dure une bonne dizaine de minutes où les deux héros s'associent enfin pour dessouder du méchants en faisant parler la poudre. David Lam et Alex Man (tout bouffi) sortent donc les armes et canardent une bonne cinquantaine de sbires dans une usine rouillée et abandonnée. Un gros plaisir coupable par son body-count assez conséquents, des figurants qu'on voit mourir 3-4 fois à différents moments ne prenant même pas le temps de se changer, ses reprises de BO américaines (comme Blade Runner !), l'architecture du lieu bien utilisé et des passages vraiment fun dont celui avec l'armoire électrique. Et mine de rien, c'est régulièrement bien cadré et énergétique, tout en restant très cheap.
De quoi sortir des 90 minutes revigoré !