Voilà pourquoi j'aime encore le cinéma ! Pour CE GENRE de cinéma ! Le genre qui percute;
Car il en reste encore et cela me rassure tellement je m'ennuie avec tous ces films et leurs sujets insignifiants ou usés jusqu'à l’écœurement.
HEROICO me reste encore dans la tête ce matin; il trotte, m'environne, tourne, m'interroge,
je reste sur ma fin; qu'en est-il vraiment, était-ce juste un cauchemar ?
Véritable bombe mexicaine dans le milieu militaire fermé et taiseux pour mieux cacher ses sombres agissements, le film porte plus de thématiques que son pitch suppose; il aborde bon nombre de problèmes au Mexique et les met en lumière pour mieux les dénoncer, de haut en bas; du pouvoir à la plèbe; Impossible de ne pas penser à FULL METAL JACKET, véritable source d'inspiration pour le jeune et talentueux réalisateur David Zonana; mais il fait son film à sa sauce et la toile de fond est toute autre;
La réalisation est efficace et étonnante, cadrages et autres incursions dépassant de loin les dernières mixtures mexicaines certes toujours férocement interprétées, mais filmées à mon humble avis un peu trop "simplement" tanguant parfois vers le documentaire;
Ici, on voit bien que Zonana a envie de jouer un peu plus que les autres avec sa caméra et ses incursions hallucinatoires notamment sont parfaitement distillées, et maitrisées ; elles sèment le trouble, et interpellent autant qu'elles angoissent;
Le jeu des acteurs est intense, mention spéciale à Pibe ( Fernando Cuautle ) aussi malicieux qu'effrayant et naturellement Luiz Santigo Sandoval absolument hypnotique et véritable moteur de ce film sans lequel HEROICO aurait peut-être moins de saveur;
Je ne pourrais pas développer trop sans raconter le film, mais il faut le voir comme il fallait voir VUELVES en 2017 de Issa Lopez car on est précisément dans les GROS PROBLEMES du MEXIQUE
qui aura beau se targuer de n'avoir jamais eu comme ses camarades à côté une dictature au pouvoir, il n'en est rien; Le pouvoir militaire là-bas est toujours au-dessus de tout, et ce film en témoigne admirablement sans avoir à trop forcer le trait; c'est presque banalisé;
Le Mexique, ce n'est pas "seulement" les fêtes à Cancun, les plages magnifiques de Tullum et les Aztèques de nos très chères mystérieuses cités d'or, c'est aussi et surtout les enlèvements d'enfant, les disparitions de femmes, d'étudiants, de touristes, les tortures, la corruption, bref, un tableau peu glorieux qui fait son chemin comme si de rien n'était et qui ne changera guère; tout le monde s'en fout;
A savoir qu'HEROICO a été présenté en amont au Sénat de la République avec audace et courage afin d'éviter toute pression derrière, s'assurant une diffusion sans "trop" de heurt;
L'affiche initiale est poussive et racoleuse, celle-ci est beaucoup plus dans le sujet car ce film est un cri; un cri sourd hélas au vu de l'implacable réalité; Subir ou mourir; Subir ou sortir tant qu'il en est encore temps, mais les conséquences derrière seront terribles; subir ou réagir, et les conséquences derrière seront terrible;
Biberonnés aux Snuff Movies, les gradés sont tous ou presque des psychopathes en puissance;
ça semble un peu poussif, mais en même temps, ils n'ont que ça à faire, les bougres, c'est précisément le public que cherche les diffuseurs de ces horreurs, toujours actuelles soit dit en passant et venant très souvent des pays scandinaves, mais chut, faut pas le dire !
On voit aussi dans le film que les acteurs n'en sont pas vraiment car ils sont tous formés au départ, pas con, Zonana;
Je n'en dis pas plus car la montée en puissance, bien que prévisible mais en même temps on la souhaite éperdument force le respect et nous permet "presque" une respiration salutaire;
Quoique, après réflexion, je n'en suis pas certain;
Bravo, senior Zonana !
Bon visionnage à tous !