Voici le second film de David Zonana après un premier essai très remarqué par la critique mais sorti confidentiellement à l’été 2020, crise sanitaire oblige, intitulé « Mano de Obra ». Le cinéaste est un compatriote et un collaborateur récurrent de l’un des plus grands cinéastes mexicains en activité et probablement le plus excitant à l’heure actuelle si on accroche à son style clivant. On lui doit pas mal de pépites telles que le magistral « Despues de Lucia », l’excellent « Sundown », la claque « New Order » (inédit en France) ou, plus récemment, le plus apaisé et émouvant « Memory » son premier film en langue anglaise avec Jessica Chastain. Il s’agit de Michel Franco. Et c’est souvent Zonana qui produit ses films alors Franco lui rend la pareille en produisant les siens. Sauf que si le style du poulain/collègue ressemble (voire copie) celui du maître/collègue, il ne lui arrive pas à la cheville. Comme si Zonana reprenait l’art de Franco mais avec un résultat low-cost, sans âme et sans brio. Franco façonne son art toujours à la frontière entre la maestria et l’esbrouffe et s’il se positionne quasiment toujours dans la première catégorie, son copycat -si on peut l’appeler ainsi - va plutôt se loger dans la seconde malheureusement avec ce « Heroico » qui ennuie plutôt qu’il n’envoûte ou marque les esprits.
Dans un style encore plus sec, il nous immerge au sein de l’armée mexicaine avec ce long-métrage qui aurait fait trembler le gouvernement mexicain comme le scande l’affiche de manière racoleuse. Forcément, vu la peinture sombre, malsaine et décadente qu’il en fait, c’est évident que l’armée n’a pas dû apprécier. D’ailleurs on se demande souvent s’il ne force pas le trait avec ces séquences montrant des gradés effectuant les pires humiliations et bêtises sur les jeunes recrues. On sait que les films dans l’armée ou au sein de prisons, quand les hommes se retrouvent entre eux dans un cadre dévoué à l’ordre et punitif, c’est un peu la panacée que de montrer des rapports de force, de domination et de soumission. Mais ici, c’est presque poussif voire idiot et gratuitement malaisant. On sent que Zonana veut choquer pour choquer contrairement aux films de Franco qui sont écrits avec finesse, que ce soit au niveau des personnages aux enjeux. Ici, pas vraiment d’intrigue, des personnages semblables à des ombres désincarnées et une succession de séquences chocs de cet acabit qui n’atteignent pas leur but. On a même du mal à voir un quelconque propos ou un début de morale. Quant aux séquences oniriques, elles n’apportent rien à « Heroico » et le rende encore plus vain. On retiendra une mise en scène travaillée mais là, encore, elle n’a rien non plus de sensationnel tout juste perçoit-on la déshumanisation dans ce type de microcosme où de jeunes hommes vont pour gagner un peu d’argent et une couverture sociale. Alors on s’ennuie quelque peu devant cet ersatz latino de « Full Metal Jacket » ou « Dog Pound » sauce minimaliste, crue et sans âme.
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