Alors que sonne la fin de la Première Guerre Mondiale, un soldat retrouve sa femme et ses trois enfants dans un quartier de Londres. Tout au long des vingt ans que va durer l'histoire, on va suivre ces cinq personnes évoluer, grandir, vieillir alors qu'une nouvelle menace semble poindre, eux qui étaient persuadés d'être pour toujours en paix.
Heureux mortels est le deuxième film réalisé par David Lean mais en fait, il est cette fois seul derrière la caméra, tout en conservant le patronage de Noël Coward. A l'image du premier et du dernier plan, qui se répondent de manière inversés, on sent la maitrise du réalisateur pour aller au-delà des contingences d'une pièce de théatre, avec de très beaux mouvements de caméra, et une saga familiale si touchante, où la politesse semble être le maitre mot et le geste de Kay Walsh, qui incarne la fille ainée, à savoir vouloir se marier avec un autre que celui qui lui a été promise, d'une grande effronterie.
Il y a quelque chose de presque italien avant l'heure avec cette famille nombreuse, on retrouve aussi la mère de l'épouse ainsi que la tante, qui forme une véritable épopée, dont les nuages noirs du national socialisme vont peu à peu jeter un froid. Il faut rappeler que le film a été tourné en 1943, soit durant la Seconde Guerre Mondiale, et qu'il y a à plusieurs reprises des élans patriotiques dans l'histoire, mais sans que ça ne soit appuyé.
Il sortira d'ailleurs bien après son tournage, et sera un immense succès qui placera David Lean sur l'échiquier du cinéma britannique de l'après-guerre.