Le style de Brian de Palma se cherche encore parmi de nombreux essais d'effets de caméra, d'intrigues en tous genres qui s'entrecroisent, et des acteurs qui improvisent librement (De Niro en tête, qui est enfin crédité correctement au générique, à la place du "Denero" du précédent Wedding Party). L'intrigue du film en lui-même, à savoir les tribulations d'un cinéaste de courts films pornographiques (et légèrement scopophile à ses heures...) est bien menée, mais l'attention se porte rapidement sur les effets de caméra qui sont ici très osés : on filme ce qui ne devrait pas l'être (un homme qui se peint l'appareil génital, un couple qui fait des galipettes dans sa chambre d'appartement...) de la façon nouvelle qui semble presque l'autoriser (on filme avec une caméra réduite portative, en biais, en saturant les couleurs ou en faisant trembler l'image...). Le film est agréable à suivre dans sa première partie, mais la partie suivante avec l'expérience "noire" n'est pas très plaisante. Cela dénote bien un phénomène naïf d'une partie de la société à l'égard des minorités, mais le discours employé est limite, voire vexant. Tandis que les organisateurs font hurler pendant des très longues minutes les filles blanches (on sature très vite de ces cris stridents... Les oreilles qui saignent nous pousseraient presque à jeter le téléviseur par la fenêtre, ou à faire une avance rapide), ces dernières sont finalement contentes d'avoir été violées (ou violentées pour le moins). Non, vraiment, du point de vue éthique, le discours ne passe pas. Cela aurait pu être dit de manière plus intelligente. Si la première partie est intéressante et audacieuse en technique, la seconde partie tient un discours plus que maladroit. A voir pour le duo De Palma et De Niro.