Les voleurs de corps
First I was afraid, I was petrified... Série B sèche et sans temps mort « Hidden » se paie le luxe de démarrer sur les chapeaux de roues. Hold-up sanglant et carriole jaune poussin, profilée...
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le 31 oct. 2014
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Pourquoi revenir sur Hidden en 2020 ? Parce que revoir aujourd’hui ce modèle de série B fait office de piqûre de rappel : les films à petit budget, savamment mis en scène et interprétés, mais surtout hybrides et culottés, ont de plus en plus de mal à se frayer un chemin en salles.
Lorsqu’Hidden sort en 1987, le succès de Terminator et de L’Invasion des profanateurs est encore frais dans les esprits. Jack Sholder, en solide faiseur (s’étant fait la main avec La Revanche de Freddy, notamment), intelligent et observateur, a emprunté à Cameron son sens de l’action (la course poursuite d’introduction, superbe) et quelques idées visuelles (ses personnages déterminés et froids, qui résistent aux balles). La référence à L’Invasion des profanateurs tient plus de l’anecdote scénaristique, mais souligne avec quelle décontraction Jack Sholder assume ses clins d’œil, fort de l’univers qu’il a construit, finalement à mille lieux du sérieux pontifical des œuvres de James Cameron et Philip Kaufman. Pour mieux se démarquer de ces références que l’on pourrait de prime abord trouver encombrantes, le réalisateur américain mixe de façon tout à fait inattendue premier degré et mauvais esprit, à la façon d’un Frank Henenlotter, n’hésitant pas à verser dans un humour scatologique et libidineux.
Indéniablement, Hidden porte en lui ce côté déconne/deux bouts de ficelle ; mais en même temps, Jack Sholder ne dévie jamais plus qu’il ne le faut de son script subtil et noir, qui va de surprise en surprise, ou plus précisément de basculement en basculement : les genres se téléscopent sans arrêt, du film policier au buddy movie, de l’horreur à la comédie, le tout saupoudré de SF. Et que Jack Sholder soit parvenu à rendre son film cohérent avec tout ce qu’il transporte d’idées de cinéma différentes est un petit exploit en soi.
Feu d’artifice décomplexé, dans lequel on sent une vraie jouissance de l’écriture (des personnages, des situations), Hidden vibre de cette liberté prise avec la narration et les codes : Jack Sholder se lâche dans les rares scènes horrifiques, saisissantes et novatrices, se fend d’une petite conscience politique en esquintant les yuppies et un pouvoir politique déjà bien ancré dans un capitalisme triomphant. Que Jack Sholder n’ait pas eu le même parcours que des grands réalisateurs ayant fait leurs armes dans le bis (Carpenter, Cameron donc, mais aussi Cronenberg ou Romero) importe peu : Hidden pétille suffisamment pour que l’on ait envie de s’en souvenir comme de l’un des grands films de genre des années 80, époque à laquelle il restait une petite place pour l’audace dans le cerveau de certains producteurs.
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Créée
le 21 oct. 2020
Modifiée
le 4 juin 2024
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