Snowpiercer prend de la hauteur
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Le nouveau long-métrage de Ben Wheatley est sûrement le plus attendu du festival, et pour cause, la file interminable devant la Tramuntana. Dernier prodige anglais du genre en date, chacun de ses films est un évènement en festival. High-Rise est une adaptation d’un roman de J. G. Ballard, et est de suite plus ambitieux que ses précédents longs. Uchronique et dystopique, le film est un quasi huis-clos dans un immeuble de dernière génération dans lequel ses habitants peuvent vivre en autarcie complète. Un soir, ils décident de faire une fête qui prend des proportions inattendues de lutte des classes. Cependant, à l’extérieur aussi bien qu’à l’intérieur, les mêmes rapports de classes existent transposé ici par rapport à la hauteur de l’étage à laquelle tu vis. Plus t’es haut, plus t’es important (et riche), l’architecte, espèce de Dieu déiste qui a planté la graine mais ne contrôle plus rien, vit donc au dernier étage. Le film de par sa densité narrative, philosophique et politique peut en faire fuir plus d’un, non pas qu’il soit inabordable, mais, comme un Cosmopolis de Cronenberg, peut sembler un peu hermétique au premier abord, et contrairement au minimalisme de ce dernier (qui faisait toute sa force), la richesse visuelle développé ici aide à faire passer la pilule. Des influences, il y en a également beaucoup, de Fellini à Gilliam en passant par Kusturica. J’ai d’ailleurs souvent du mal avec les films de ces messieurs un peu trop hystériques et bordéliques à mon goût, ne sachant jamais s’arrêter au bon moment. La mise en scène, comme le script, est ambitieuse, et Ben Wheatley nous fait visiter son immeuble de fond en comble, et balaye la grille d’échelle de plans, du grand ensemble (ces plans vertigineux de l’immeuble) au plan très serré, et donne donc l’impression de ne jamais se poser, même lors d’un dialogue, et exprime donc parfaitement cette idée du capitalisme sauvage qui ne peut pas (plus) s’arrêter ; d’une fête qui dégénère. La direction artistique est superbe, et souligne parfaitement cette sensation de non appartenance au temps qui se déroule en dehors des murs de l’immeuble. Jour et nuit se confondent, la désorientation est totale. High-Rise est, comme Cosmopolis (j’en parle encore mais la comparaison est plus que pertinente), déroutant au premier abord, mais qui murit petit à petit avant de dévoiler tous ses secrets au deuxième visionnage. Qui sait, High-Rise est, au même titre que Brazil, un film culte en devenir.
Tiré du journal du festival de Sitges 2015 : lire l'article entier sur mon site...
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le 16 janv. 2016
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