Snowpiercer prend de la hauteur
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le 3 mars 2016
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30 secondes, et me voilà conquise.
30 secondes pour voir un décor en ruines, un Tom Hiddleston seul avec son chien, et un barbecue qui annonce le ton: macabre et décalé.
On est tout de suite emporté par la musique, les décors, les cadrages magnifiques, et on plonge la tête la première dans l’histoire.
A vrai dire c’est plutôt une escalade qu’on nous propose.
La découverte de la société de “la tour” occupe une première partie du film qui frôle la perfection.
On est surpris de voir à quel point ce qui nous est montré nous parle: l’univers futuriste des années 70 rappelle d’autres films, on pense à Tati, à soleil vert, ... et on a aucun mal à capter que la tour est une pyramide où l’image de l’ascension sociale est mise en pratique.
Une présentation soignée qui ne fait pas de fausse note, et où chaque élément semble apporter sa pierre à un bien bel édifice: acteurs, musique, cadrage, tout est au diapason. Le ton est froid, l'absurde omniprésent mais ça tient debout, et on veut découvrir la suite.
Et soudain, la chute.
Formellement le film continue sur sa lancée hyper soignée, mais en même temps que les habitants de la tour se débattent dans leur chaos, le scénario semble lui aussi se prendre les pieds dans le tapis qu’il avait si bien tissé.
On comprend très vite le principe, d’ailleurs le premier plan du film nous annonçait la fin, et on attend d’avoir soit une révélation, soit la conclusion qu’on sent proche.
Malheureusement, on traîne, on retraîne et on explore tout l’immeuble, en une sorte de parallèle avec la première partie comme s’il fallait absolument que la dégringolade soit aussi longue que la partie consacrée à l'opulence.
Du coup on n’en finit par être dégoutté, non pas parce que le propos ne plait pas ou que les images sont moins plaisantes, non c’est juste qu’on a le sentiment d’avoir tout vu et tout exploré 20 minutes avant la fin.
Les derniers instants du film se font désirer, et on regrette amèrement que la première partie si maîtrisée et si prometteuse ait pu mener à une suite aussi décevante.
High-Rise surfe sur des thèmes universels, proposant une fable sur la grandeur et la décadence d’une société bien proche de la notre, doté d'une foule de détails qui font échos à notre si jeune et déjà blasé XXIème siècle, sur la capacité à se voiler la face, à s’enfoncer dans sa folie qui ne sont pas inintéressants.
Mais tout ça se comprend tellement vite qu’on a vraiment l’impression d’allonger inutilement la sauce à la fin du film pour un propos pas forcément novateur.
Ça fait bien mal d’avoir autant souffert de la fin en se souvenant de ce qui était proposé dans la première partie, mais mes bâillements répétés durant le film m’interdisent de monter davantage la note alors que techniquement le film vaut bien plus.
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Créée
le 1 mars 2016
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