Ce film retrace la vie de Stu Ungar, du moins c'est ce qu'il avance. Il y a hélas deux gros écueils :
Formellement, la photographie et les plans restent acceptables, ama, mais Imperioli, avec sa tête de gentil looser ressemble à une erreur de casting. On sent immédiatement qu'on est loin de la réalité âpre et de la personnalité d'un Ungar qu'on ressent - il reste des images d'époque - plutôt speed - cocaïne oblige sans doute. Il est difficile de faire un biopic avec un acteur qui campe mal le personnage principal. De plus, les cadrages et le nombre de personnages font penser que le film a fait avec peu - ça arrive - mais pas si bien avec peu - ça arrive mais c'est plus problématique.
Le reste est pire. La structure globale, hélas, ce sera un spoiler de la dévoiler réellement - enfin, ça s'évente en deux secondes si on ne veut pas être dupe - qui consiste en une "interview" de Ungar dans sa chambre, qui y raconte sa vie, m'a fait plus l'effet d'une énorme facilité pour mettre les scènes en place. Le scénario se permet de rendre fade la vie de Ungar, mais aussi de s'écarter de pas mal de détails ce qui pour un biopic est très dommageable.
Un exemple simple : le buy-in du dernier Main Event de Ungar est payé par un... heu... type du milieu du jeu, ok, voilà et Ungar, hop, il a gagné, grosso modo. On aurait aimé voir relater le Ungar qui a cherché à se faire payer le buy-in, payé effectivement par un ami, et en dernière limite (il fut, je crois, le dernier à s'inscrire), arrivant, bouffé qu'il était par ses excès - avec des lunettes qui voulait cacher un nez détruit par la cocaïne - dans un état lamentable, manquant de s'endormir à table, jurant qu'il ne tiendrait pas la première journée, poussé par deux compères qui s'occupèrent de le motiver et d'assurer son sommeil la nuit suivante pour qu'il retrouve un peu de santé, pour, au final, de l'état de quasi-loque, décrocher son troisième titre de champion du monde.
Ou ce précédent tournoi où on l'a trouvé au 3ème jour - dans sa chambre pas au tournoi ^^ - inanimé (overdose) et où il finit en 9ème place malgré son absence vu le stack qu'il avait amassé les 2 premiers jours. Un stack qui joue tout seul, pendant que le joueur se relève d'une overdose, c'est ce genre de situation incroyable et terrifiante qui font de Ungar une légende dans son domaine.
La mort du père est relaté comme un drame initial, possible quand même, mais pas celle de la mère, alors que c'est peu après qu'il commença la coc', pour tenir sur les tables paraît-il.
Son attachement est relaté, mais le fils de sa compagne, enfant qui adorait Ungar et qui se suicida en 1989 a tout simplement disparu. Pour le reste, beaucoup est présent, mais le plus souvent brossé sans investissement, effaçant la réelle et terrible rudesse des choses, notamment dans le rapport à la Mafia.
Etc, etc...
Un film très faible donc, à qui je donne 4 uniquement parce qu'il est le seul à proposer une vue sur ce joueur incroyable à la trajectoire catastrophée. Mieux vaut cependant lire 'Joueur Né', la bio écrite, évidemment plus précise et plus intelligente.
Ah, J'oubliais, la VF est immonde.