Après High School (1968) et son immersion au sein de la "Northeast High School" de Philadelphie (un établissement d'enseignement secondaire), 25ans plus tard, le documentariste Frederick Wiseman récidive avec High School II (1994) où il pose cette fois-ci sa caméra au sein de la "Central Park East Secondary School", un lycée pilote situé à Spanish Harlem, au cœur de Manhattan à New York.
Cette école alternative qui accueille principalement des élèves d'origine hispanique ou afro-américaine propose une approche pédagogique qui diffère complètement de ce que propose habituellement le système éducatif américain. C’est une plongée passionnante au cœur d’un lycée par comme les autres. On y suit des conversations passionnantes entre les professeurs, les parents et les élèves, des échanges bienveillants qui nous permet d’en apprendre davantage aussi bien sur l’équipe encadrante que sur les élèves. On assiste notamment à des échanges avec une étudiante de 15ans qui s’était absentée pendant une longue période suite à sa grossesse. D’autres interventions nous permettent de mieux cerner les méthodes pédagogiques qui y sont enseignées, notamment une longue (voir trop longue) séquence où une dizaine de professeurs sont réunis pour échanger sur différentes approches à mettre en place face aux élèves.
La vie du lycée sous toutes ses coutures, c’est ainsi que l’on assiste à différents échanges entre parents & profs ou élèves & profs devant parfois gérer des situations conflictuelles entre étudiants. Les cas se suivent mais ne se ressemblent jamais et du haut de ses 3h30, Wiseman à le temps de nous offrir de beaux moments (même si certaines séquences peuvent paraître trop longues). Des cours de philo aux mathématiques, d’éducation sexuelle en passant par le théâtre ou la techno, on est parfois impressionné par le niveau de certains élèves et leur maturité face à certains sujets abordés en cours.
La prise en charge individuel des élèves et la médiation jouent aussi un très grand rôle dans cette école, entre les conflits entre élèves et les problèmes raciaux, il est intéressant de voir comment l’équipe encadrante parvient à calmer les esprits et ne pas souffler sur les braises. On assiste même à un grand rassemblement pour l’organisation d’une marche en soutient à Rodney King (victime de brutalités policières). En pleine actualité liée à George Floyd (décédé des suites de violences policière en mai 2020), ce passage avait un écho bien plus retentissant.
Comme à son habitude, Wiseman dresse un portrait passionnant qui lève le voile sur un système éducatif alternatif (dans la lignée de la pédagogie Montessori) qui mériterait d’être étendu au plus grand nombre.
A noter enfin, qu’il fera une 3ème incursion dans le milieu scolaire 20ans plus tard, avec At Berkeley (2014), la prestigieuse université californienne.
► http://bit.ly/CinephileNostalGeek ★ http://twitter.com/B_Renger ◄
➽ Film vu dans le cadre d’une intégrale « Frederick Wiseman »