Il ne peut en rester qu'un, et c'est celui-là !

Depuis toujours, les Immortels s'affrontent afin de gagner le « prix », un immense pouvoir, par des combats à l'épée dont seule la décapitation d'un des deux duellistes peut désigner le vainqueur. Jadis Connor Mc Leod, né en 1518 dans les highlands d'Écosse, l'antiquaire new-yorkais Russel Nash compte parmi ces champions : survivant de bien des combats à travers plus de quatre siècles et demi d'existence, il doit vaincre le plus puissant des Immortels, le Kurgan, pour épargner à l'humanité une éternité de ténèbres...

À la croisée de la fantasy et du fantastique, Highlander démontre une modernité assez inattendue au cinéma à l'époque de sa sortie en transportant ses spectateurs entre le Moyen-Âge et les années 80 – et dans un sens comme dans l'autre tout au long du récit. Pourtant, il ne s'agit pas de voyage dans le temps mais bien de la description plutôt sommaire – pour des raisons évidentes – d'une vie prodigieusement longue, c'est-à-dire d'une autre itération d'un thème pour le moins éculé de la littérature fantastique et qu'on trouve d'ailleurs dans nombre de mythologies traditionnelles comme dans les principales religions monothéistes.

La seule véritable nouveauté qu'apporte ce film – et encore s'agit-il plus d'une sorte de recyclage que d'une invention réelle – concerne les nombreux combats à l'arme blanche qui parsèment l'intrigue. Car si Highlander ne nous épargne aucun des clichés du sujet de l'immortalité, y compris les plus éculés, cette production brille néanmoins par une autre hybridation qui cadre assez bien avec les accents postmodernes de son époque, où les genres et les thèmes s'entremêlaient dans des croisements parfois féconds. Et ici, ce sont les légendes chevaleresques qui s'invitent, à travers ce « prix » brièvement évoqué dans le synopsis et qui évoque bien sûr le Graal des légendes arthuriennes – même s'il faudra attendre l'épilogue du film pour discerner ce rapprochement.

Ainsi Connor Mc Leod prend-il peu à peu l'allure d'un Lancelot du Lac, d'un Perceval ou d'un Galaad : il devient celui qui doit sauver le monde en en restaurant l'équilibre ; mais, et c'est là une autre nouveauté, ou presque, ce rôle lui échoit sans qu'il l'ait demandé : à aucun moment il choisit de se lancer dans une quête sacrée car c'est elle qui s'impose à lui – le statut d'Immortel, en effet, ne s'acquiert pas, il se subit : ce qu'en fera son bénéficiaire ne regarde que lui... Ce qui n'est jamais, somme toute, qu'une autre conformité au manichéisme caractéristique des légendes arthuriennes déjà évoquées : Highlander s'affirme ainsi d'autant plus comme le digne héritier des contes de fées de jadis.

Ce qui, bien sûr, ne plaira pas à tout le monde : à cette époque en effet, on est en droit d'attendre un récit aux nuances plus subtiles que celles d'une énième itération de la lutte éternelle du Bien contre le Mal – même si elle convient assez bien au sujet de départ qu'est l'Immortalité. Il reste malgré tout un film agréable et bien mené, doté d'une bande son qui fit bien du bruit et agrémenté de chorégraphies de combats à l'épée souvent renversantes.

En bref, Highlander est surtout un excellent divertissement, mais que son postulat de départ et ses divers emprunts aux mythes traditionnels transforment en un voyage pour le moins unique et même inoubliable...

Notes :

Si le succès commercial ne fut pas au rendez-vous lors de sa sortie cinéma, ce film devint vite un objet de culte et son exploitation en vidéo-cassette relança le concept qui trouva en quelques années de nombreuses incarnations à travers séquelles, séries TV, romans, animes, jeux, etc. La franchise Highlander est à présent une des plus anciennes et des plus prolifiques des genres de l'imaginaire, tous médias confondus – ce qui ne va pas sans plomber le principe du concept de départ comme quoi « il ne peut en rester qu'un » : en fait, il y en a beaucoup d'autres...
LeDinoBleu
8
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le 8 mai 2011

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LeDinoBleu

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