Des choses à dire sur ce film :

Le film Highlander n’appelait pas forcément une suite. On arrivait en fin de parcours, il ne devait en restait plus qu’un, il n’en resterait plus qu’un, fin de l’histoire. Mais la mythologie était tellement riche que ça aurait été dommage de ne pas en profiter artistiquement et surtout financièrement... en effet, si Highlander a fait un flop (voulu a priori) lors de sa sortie aux États-Unis, le film aurait connu de bons retours en Europe, au point de justifier la mise en chantier d’une suite à destination du marché européen. Problème. À la fin du premier film, il n’y a plus d’immortels.

Mais il reste des origines à explorer. Sauf qu’au lieu de jouer la carte préquelle, de jouer sur une certaine émotion ou un faux suspense sachant que chaque personnage croisé serait destiné tôt ou tard à perdre la tête, on explique ce qui était habilement teinté de mystère dans le premier film en utilisant un truc qui marchait du tonnerre à l’époque : les extra-terrestres. C’est ainsi qu’en même temps qu’on découvre le futur de MacLeod (Christophe Lambert) redevenu mortel dans un avenir sombre et dystopique comme il arrivait qu’on ne sache pas du tout les faire dans les années 1980 (avec ses petites milices improbables, ses architectures soviétiques et ses nuances gris et tout et tout), on revient aussi sur ses origines d’extra-terrestre renégat envoyé sur terre en pénitence en compagnie de son frère d’armes... Ramirez (Sean Connery).

De l’avis général, ce développement conforté ou imposé selon les versions par la compagnie d’assurance des producteurs argentins qui ont fait faillite en cours de route est consternant de débilité. Russell Mulcahy, le réalisateur du film ainsi que du précédent, a dès le départ voulu effacer son nom d’un film qu’il ne reconnaissait pas en le substituant par le fameux Alan Smithee, sans succès. Il obtiendra toutefois la possibilité de refaçonner le film...

Et c’est pas plus glorieux.

Si le délire extraterrestre passe complètement à la trappe, ça ne suffit pas à effacer le ridicule de l’ensemble... pas même vraiment à l’atténuer. MacLeod et Ramirez restent des leaders rebelles condamnés, cette fois, par le régime autoritaire (devine-t-on) d’une grande civilisation passée (devine-t-on) à une vie interminable d’errance et de malheur (devine-t-on) dans le futur (d’où la civilisation passée). Oui, oui.

Le schéma global est identique avec un futur plongé dans l’obscurité par MacLeod pour protéger l’humanité d’un soleil temporairement devenu fou, un capitaliste sans scrupules désireux de l’y maintenir ; on y retrouve le duo d’assassins immortels ricanants aux profils de porc-épics qui n’auraient pas dépareillé dans un Theodore Rex ; un Sean Connery qui revient Guieu sait comment le sourire aux lèvres parce qu’il est bien conscient de la merde dans laquelle il vient cachetonner et qui disparaît de manière tout aussi brutale et crétine ; un Christophe Lambert qui fait tout ce qu’il peut pour maintenir l’illusion... ; on y retrouve aussi un magnifique mannequin en mousse.

Ce que l’univers de Highlander a perdu en mythologie, en magie, en émotion même, dans la création de ce second film, il le gagne en quête quasi-mystique d’over the top facile et de stupidité. Et ça, les épisodes suivants le conserveront chacun essayant de faire oublier cette suite en faisant systématiquement pire. Ici, l’un des meilleurs passages (exception faite du retour complètement improbable de Ramirez sur une scène de théâtre de surcroit, histoire de ménager quelques gags, et de sa fin où il utilise la force et disparaît dans un « Who knows Highlander, who knows ») reste la scène du métro fou poussée à vitesse grand V par un Michael Ironside qui arrive temporairement à cacher que comme Sean Connery, il sait dans quoi il joue, mais que lui, ça le fait pas marrer.

Quelle que soit la version Highlander, le retour est une catastrophe, mais d’un certain point de vue, aussi, un film assez jubilatoire en partie grâce au stoïcisme badin affiché par l’ami Sean à chaque apparition. Merci Sean, tu les as bien mérités tes 3,5 millions de dollars (pour neuf jours de tournage).

Je veux jouer au bingo des clichés avec ce film

Le lien pour jouer, c'est là : https://www.incredulosvultus.top/highlander-le-retour-version-director-s-cut

Ou sinon, je regarde juste les 42 ingrédients du bingo de ce film parce que c'est trop cool

Personnage > Agissement

Bagarre > Coup dans les couilles (ouch !) – Chute dans le vide en criant « Aaaaaah ! » – Course-poursuite > Défonce volontairement un portail avec son véhicule – Interprétation > Tourne frénétiquement le volant alors que la route est droite... – Interprétation > Répète une phrase 2 fois – Mort > Meurt dans les bras d’un autre personnage – Stylé > Demande un truc en claquant des doigts

Personnage > Caractéristique

Blues > Sa femme, sa fille sa mère ou sa sœur est morte

Personnage > Citation

Défie > « Viens me chercher ! » – S’inquiète > « Oh mon dieu ! »

Personnage > Interprétation

Applaudissement ironique – En fait des caisses – Fait un clin d’œil de connivence lourdement appuyé – Loose > S’évanouit exagérément

Réalisation

Course-poursuite > Gros plan du pied sur la pédale d’accélération ou de freins – Disparaît comme par enchantement > après le passage d’un bus/d’un train... entre lui/elle et son interlocuteur – Escalier en colimaçon filmé en plongée/contreplongée – Fin > Le film se termine sur un baiser – Habillage > Incrustation de texte sur l’écran : lieu, date, heure, etc. – Média > Point de situation par un reportage télé, radio ou presse écrite – Mise en scène > L’unique rayon lumineux de la scène éclaire les yeux du personnage – Ouverture > Présentation écrite de l’univers, de la situation, du personnage, du contexte voire définition – Plan > Ouverture de coffre de voiture vue depuis le coffre – Technique > Faux raccord flagrant – Technique > Reflets de rétroviseurs hyper nets et hyper bien cadrés

Réalisation > Accessoire et compagnie

Ascenseur en chute libre – Le camion qui menace de percuter/renverser le personnage klaxonne mais ne ralentit pas – Pouet-pouet > Effet pyrotechnique hasardeux – Pouet-pouet > Mannequin en chute libre

Réalisation > Audio

Ambiance sonore > Alarme stridente de vaisseau spatial/laboratoire/base secrète – Bruit exagéré > Coups donnés lors d’un combat au corps-à-corps – Effet > Lasers qui font « piou-piou », touches d’ordinateurs qui font « pi-pou-pou » etc. – Musique > Classique – Utilisation de hard rock dans un contexte badass

Scénario > Dialogue

Phrase-choc

Scénario > Élément

Référence (grossière) à la culture populaire – Toast – Un·e proche meurt sous ses yeux

Scénario > Situation

Tension > Suspendu·e dans le vide

Thème > GI Joe

Ordonne > « Go, go, go ! »

Thème > N’importe quoi

Carton-pâte > Élégamment propulsé·e par le souffle d’une explosion très proche – Scientifiquement non prouvé > Physique des matériaux soumise à rude épreuve

---

Barème de notation :

  • 1. À gerber
  • 2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
  • 3. On s'est fait grave chier
  • 4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
  • 5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
  • 6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
  • 7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
  • 8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
  • 9. Gros gros plaisir de ciné
  • 10. Je ne m'en lasserais jamais

Créée

le 30 juin 2024

Critique lue 168 fois

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