Dans le cinéma, l'impression d'être otage avec les acteurs...

Il m'était rarement arrivé d'autant retenir mon souffle devant un film.

Étant allé le voir sur la seule base de "c'est le même réalisateur que Borgen et la bande annonce est pas trop mal" je ne savais pas bien à quoi m'attendre. A vrai dire, étant un grand fan de la série sus-citée, je me demandais même si j'arriverais à me détacher des personnages de Borgen, dont plusieurs acteurs font partie du casting.

Et au final je n'ai pas été déçu.

On suit le déroulement de la négociation depuis deux points de vue : d'un côté celui du CEO de l'entreprise à qui appartient le navire et de l'autre celui du cuisinier du bateau. Lindholm réussit brillamment à éviter le manichéisme qui aurait pu flinguer le film. Il ne s'attarde pas sur certains détails sans pour autant les omettre totalement non plus...

Le rôle du patron d'abord : coincé entre son board qui le somme de mettre fin à la situation le plus rapidement, ses employés qui avec le temps connaissent la tentation de faire filtrer des informations à la presse et évidemment les familles des marins... Sans compter sa femme, qui apparaît en pointillé, pour le soutenir comme elle peut, lui servant à l'occasion de soupape de décompression... La détresse de l'homme seul est palpable.

Quant au cuisinier du navire, il vogue littéralement entre sentiment d'abandon total, savamment entretenu par les pirates pour mettre la pression sur les négociations et courts épisodes de simili-fraternité avec ses preneurs d'otage. On retiendra l'hystérie collective de la scène de pêche...

Les pirates sont d'ailleurs relativement bien dépeints, avec le fossé culturel évident, leur détermination d'un côté et de l'autre leur improvisation brouillonne dont le point d'orgue vient définitivement foutre en l'air ce qui aurait pu être une happy end trop convenue...

Au final l'heure et demie que dure le film m'aura paru durer le double et c'est bien la première fois que je vois ça comme un point positif.

A voir.

(Si le sujet vous intéresse, Rue89 avait fait un long article sur ce type de situation, publié en 2011, intitulé "Une prise d'otages racontée de l'intérieur".)
soymalauBOGOSS
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 31 juil. 2013

Critique lue 310 fois

1 j'aime

Baptiste Fluzin

Écrit par

Critique lue 310 fois

1

D'autres avis sur Hijacking

Hijacking
Strangelove
8

Lindholm rentre dans la Famille.

Vous connaissiez Refn, Von Trier ou autre Vinterberg ? En voici un nouveau, Tobias Lindholm, que les fans de Vinterberg connaissent probablement puisqu'il a, entre autre, écrit La Chasse et...

le 30 juil. 2013

24 j'aime

8

Hijacking
Kobayashhi
8

Critique de Hijacking par Ludovic Stoecklin

Hijaking c'était la lueur d'espoir dans cet univers de brutes et de blockbusters qui nous a envahi cet été jusqu'à créer une véritable overdose de surenchère d'action. Alors quand un thriller Danois...

le 7 août 2013

21 j'aime

1

Hijacking
Vincent-Ruozzi
8

Piège en haute mer

Connu pour avoir écrit le scénario de la série politique Borgen, puis pour avoir travaillé avec Thomas Vinterberg sur les scénarios de Submarino et La Chasse, Tobias Lindholm réalise ici son deuxième...

le 24 sept. 2016

18 j'aime

2

Du même critique

Journal d'un corps
soymalauBOGOSS
9

Pennac avait-il en tête Larcenet quand il a écrit son roman ? Quoi qu'il en soit...

Pennac avait-il en tête Larcenet quand il a écrit son roman ? Quoi qu'il en soit, les personnes qui ont eu l'idée de cette association ont visé juste. On oublie qui écrit, qui dessine, on se demande...

le 28 avr. 2013

13 j'aime

Moi Renart
soymalauBOGOSS
10

Critique de Moi Renart par Baptiste Fluzin

Bonimenteur, surtout menteur De couleur feu et d'artifices Escroc mignon, gentil frimeur Sa vérité, c'est la malice Croisez son regard dans la rue Vos lunettes ont disparu Vos lunettes ont...

le 17 juin 2010

11 j'aime

1

Le Fils de l'ours père
soymalauBOGOSS
10

Wow.

Je ne connaissais pas Nicolas Presl. Je suis un fan de Giacomo Patri, j'adore Thomas Ott, j'aime les visages tordus de Vanoli... Ce livre rassemble tout ce que j'aime chez ces précédents auteurs...

le 17 mars 2011

4 j'aime