Dans le cinéma, l'impression d'être otage avec les acteurs...
Il m'était rarement arrivé d'autant retenir mon souffle devant un film.
Étant allé le voir sur la seule base de "c'est le même réalisateur que Borgen et la bande annonce est pas trop mal" je ne savais pas bien à quoi m'attendre. A vrai dire, étant un grand fan de la série sus-citée, je me demandais même si j'arriverais à me détacher des personnages de Borgen, dont plusieurs acteurs font partie du casting.
Et au final je n'ai pas été déçu.
On suit le déroulement de la négociation depuis deux points de vue : d'un côté celui du CEO de l'entreprise à qui appartient le navire et de l'autre celui du cuisinier du bateau. Lindholm réussit brillamment à éviter le manichéisme qui aurait pu flinguer le film. Il ne s'attarde pas sur certains détails sans pour autant les omettre totalement non plus...
Le rôle du patron d'abord : coincé entre son board qui le somme de mettre fin à la situation le plus rapidement, ses employés qui avec le temps connaissent la tentation de faire filtrer des informations à la presse et évidemment les familles des marins... Sans compter sa femme, qui apparaît en pointillé, pour le soutenir comme elle peut, lui servant à l'occasion de soupape de décompression... La détresse de l'homme seul est palpable.
Quant au cuisinier du navire, il vogue littéralement entre sentiment d'abandon total, savamment entretenu par les pirates pour mettre la pression sur les négociations et courts épisodes de simili-fraternité avec ses preneurs d'otage. On retiendra l'hystérie collective de la scène de pêche...
Les pirates sont d'ailleurs relativement bien dépeints, avec le fossé culturel évident, leur détermination d'un côté et de l'autre leur improvisation brouillonne dont le point d'orgue vient définitivement foutre en l'air ce qui aurait pu être une happy end trop convenue...
Au final l'heure et demie que dure le film m'aura paru durer le double et c'est bien la première fois que je vois ça comme un point positif.
A voir.
(Si le sujet vous intéresse, Rue89 avait fait un long article sur ce type de situation, publié en 2011, intitulé "Une prise d'otages racontée de l'intérieur".)
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