Le Danemark a un avenir prometteur, du moins son cinéma ! En effet, depuis quelques années, les réalisateurs de cette contrée nordique font preuve d’une incroyable effervescence et ne cessent de surprendre par leur maîtrise formelle et leur sens du réalisme. Le schéma est souvent le même : mise en scène ascétique, sujet sombre et audacieux, jeu sobre et naturel de ses interprètes. Un cinéma donc des plus singuliers qui séduit, fascine ou perturbe mais qui en tout cas ne laisse pas indifférent.
Le dernier né du cinéma danois est Hijacking, second long métrage du réalisateur Tobias Lindholm qui s’inspire de faits réels pour conter la prise en otage de l’équipage d’un bateau aux larges des côtes somaliennes et les négociations qui s’ensuivent entre pirates et patrons de la compagnie maritime. Ce second film fascine par l’approche quasi documentaire choisie par le réalisateur, sa caméra se baladant entre kidnappés, kidnappeurs et négociateurs avec une incroyable justesse et une tension permanente. Mais sa véritable prouesse est son absence de manichéisme : il accuse et justifie à la fois la position des pirates et des dirigeants laissant le spectateur libre de son jugement. Son seul parti pris est finalement celui de l’humain puisqu’il dénonce, à travers ce récit, une société capitaliste déshumanisée où ce dernier n’est plus qu’une donnée quantifiable. Ainsi, loin des stéréotypes hollywoodiens que vous pourrez retrouver très prochainement dans Capitaine Philips (qui reprend le même sujet), Hijacking offre une vision réaliste et subtile d’un fait divers de plus en plus fréquent.