Sur fond d'instabilité politique aux temps anciens du royaume de Yamatai, entité historico-mythique proto-nippone du IIIème siècle, le récit théatral de Shinoda, inspiré de l'esthétique minimaliste du buto, se concentre en grande partie, comme dans "Orine, la proscrite", sur l'instrumentalisation de la femme par le patriarcat. La reine Himiko, son caractère sacré de prêtresse chamanique, n'est pas tenue de laisser libre cours à ses pulsions sentimentales, trop profanes (n'est pas sans évoquer de manière parabolique le renoncement à l'essence divine de Hirohito). Esthétiquement superbe*, la narration parait malgré tout assez hiératique, avec des dialogues de cour redondants.
(*) on pense à l'univers shakespearien de Kurosawa et peut-être à l'Oedipe de Pasolini, pour certains maquillages et traitements du paysage, bien que Shinoda ait suffisamment de personnalité pour l'ignorer.