J’ai tout vu à Hiroshima

Images d’archive inédites, témoignages stupéfiants de ceux qui ont lâché la bombe ou de ceux qui ont survécu et qui se rappellent les corps qui fondent, les corps carbonisés, les chaires en lambeaux, les gens qui continuaient à mourir des semaines, des mois, des années plus tard, la fin de toute humanité...

Devant ce documentaire de Lucy van Beek, j’ai tout de suite pensé au film d'Alain Resnais et aux mots de Marguerite Duras dans « Hiroshima, mon amour » ?

Elle - Tu y étais toi à Hiroshima ?

Lui – Non.

Elle - Non, évidemment. Ta peau est si douce.

Lui - Qu’est-ce que c’était pour toi, Hiroshima, en France ?

Elle - La fin de la guerre. Je veux dire complètement. La stupeur à l’idée qu’on ait osé. La stupeur à l’idée qu’on ait réussi. Et puis pour nous aussi le commencement d’une peur inconnue. Et puis l’indifférence. La peur de l’indifférence aussi.

Il serait difficile de rester indifférent devant ce film qui donne la parole à ceux qui ont vécu cette tragédie sans nom, cette abomination, l’horreur d’un scandale que certains responsables auraient bien voulu enterrer.

Un documentaire qui révèle la honte et l’ignominie du sort réservé à une population d’abord abandonnée par son propre gouvernement, devenue ensuite un sujet d’études pour l’ABCC sans même qu’aucun soin ne soit prodigué pour enfin être méprisée et stigmatisée par ses propres contemporains.

Un documentaire qui montre comment, entre propagande militaire d'un côté et opérations de communication de l'autre, l'impensable, qui aurait pu être évité, a pu être commis.

Lui - Tu n’as rien vu à Hiroshima.

Elle - J’ai tout vu à Hiroshima. (...) De la douleur, je m’en souviens encore. Un peu. Mais un jour, je ne m’en souviendrai plus. Du tout. De rien.

A voir et à partager. Parce que les hommes, semble-t-il, ont parfois la mémoire courte.