Après avoir sillonné l'oeuvre de Marguerite Duras auquel je n'attache qu'assez peu d'importance, un ami très fan de l'auteur me demanda, les yeux étincelants d'une flamme de passion prête à me forcer s'il le fallait pour que je vois ce film, qui est pour lui un classique, mais une question me taraudait et je m'écriai d'un air à détendre l'atmosphère et ainsi me soustraire à cette future obligation pour mieux changer de sujet :
"Hiroshima mon amour, et pourquoi pas Auschwitz mon loulou" tant celui-ci ne fut pas emballé par cette remarque que je sentit qu'il ... a les yeux revolver, il a le regard qui tue, il va tirer le premier, il va me toucher, c'est foutu" (avec la voix de Marc Lavoine dans un décor de campagne où vous verriez votre fidèle capitaine se rouler dans l'herbe au ralenti avec son camarade dans une atmosphère malsaine avant qu'il se décide à me tuer)
Bref, lors d'un dimanche comme les autres, je me décidai enfin à tenter le coup et qu'est-ce que ça donne ?
ça donne que le film dispose d'une réalisation et une photographie soignée qui était déjà présente sur Nuit et Brouillard, le film nous propose de voguer tantôt dans le temps, tantôt dans les souvenirs d'une femme de Nevers et d'un homme d'Hiroshima qui ont pour commun d'avoir subi les élans de la Seconde Guerre mondiale.
Mais le film se distance de la Guerre et des conséquences de celle-ci avec ces " tu n'as rien vu ", aveuglement qui nous amène dans une histoire d'amour impossible et répréhensible (car les deux protagonistes sont mariés).
Le fait que nos protagonistes ne portent pas de nom est dû à une vision égalitariste de Marguerite Duras devant le monde d'après la bombe nucléaire qui est omniprésente en filigrane avec les dommages de la guerre (la mort de l'officier allemand et la femme tondue) le choix de l'histoire d'amour n'est qu'à but métaphorique pour renforcer cette volonté de paix déjà évoqué dans le film dans lequel joue la femme alors que la ville se reconstruit sur un sol trempé de cendre, de pluie, de rosée ou de sueur comme les épaules de nos protagonistes au début du film.
Malheureusement, les dialogues qui suivent le monologue de la première partie ont eu le don de me sortir du film (cet aspect texte parlé porte assez à confusion) ainsi que la scène où l'homme Japonais frappe la femme (même si suppose que c'est en quelque sorte un rappel du fait que son amant allemand est mort et que l'homme japonais est à présent avec elle et pas son amant allemand).
De ce fait, le film manque également de spontanéité et un public moins sensible à ce genre d'exercice pourra très vite se sentir frustré voire même indifférent aux doutes et émotions des personnages.
En bref, un film intéressant même si le rythme pourra vite ennuyer !