Il y a des films qui se savourent à la lueur de leurs visionnages et de l'impact qu'ils ont dans une vie, "Hiroshima mon amour" est pour moi de ceux là. Un film d'abord rebutant parce que je suis arrivée novice de tout la toute première fois: du cinéma de Resnais, de la Nouvelle Vague, peut-être même dirais-je du cinéma tout court. Et puis, en une année, préparant un bac cinéma, je l'ai vu au moins 15 fois pour le connaitre quasiment par cœur, le rêver, en répéter les répliques jour après jour et puis avec ma découverte de Marguerite Duras, plus tard encore, ça a été comme une deuxième rencontre avec ce film, un rencontre qui ne s'explique pas, c'était comme si on se redécouvrait à nouveau. Le coup de foudre "leurs yeux se rencontrèrent" et tout et tout. Surtout avec la scène du Tea Room dont je connais intégralement le dialogue !
Maintenant ce film me hante, c'est un parcours vers la vérité d'une histoire qui détruit une vie, c'est une femme comme on rêverait d'en rencontrer plus (portée par la jeunesse d'Emmanuelle Riva), qui livre un cri de peine, de douleur et d'amour, de son petit oubli à elle, de cette mémoire vive, brûlante, marquante face à la douleur, à la déchirure d'un pays entier porté par un japonais un peu chiant parce qu'il a appris le texte en phonétique. Mais c'est une histoire vibrante, d'êtres réduits à des villes, des histoires, des douleurs qui font dire qu'on ne peut représenter le drame, la vie succédant à l'insoutenable des images d'archives du début du film mais que l'on peut en représenter, comme dirait Duras, "la mémoire, le mot, l'endroit", dans une douleur aussi terrifiante qu'édifiante et surtout profondément bouleversante. Un grand film qui bouleverse par son propos, ses mots, son cri, son écriture et cette caméra d'une maîtrise impecable