J'aimerais commencer cette critique par un coup de gueule. Constatant à coté de mon PC qu'il y avait encore des DVD de noël que je n'avais pas encore vu, j'avais entrepris de glorifier le gout d'un de mes frères en me penchant sur le premier long métrage d'Alain Resnais. J'introduis donc le blu-ray, et là rien ne fonctionne, mon désormais zoné (merci...) n'avantage pas mon logiciel de lecture blu-ray qui n'arrive pas à passer outre la sécurité anti-piratage. La solution ? utiliser un logiciel qui viole les sécurités pour pouvoir lire enfin un film acquis de la manière la plus légale qui soit. Bref, les sécurités c'est surtout fait pour gêner les achats légaux.
Cela étant parlons du film.
Véritable merveille de dialogue, une poésie de d'une heure et trente minutes qui joue avec les émotions et s'amuse à offrir un récit d'amour des plus tendres et à y ajouter le récit dans le récit d'une passion destructrice déroulée des années auparavant. Ce qui est génial dans ce film, outre des dialogues d'une grande saveur, contés plus que joués par un acteur japonais (mais redoublé parait-il) et d'une actrice, Emmanuelle Riva, à l'élocution si-par-ti-cu-li-è-re c'est tout le phénomène de mise en abyme qui est employé à plusieurs reprises : l'histoire d'amour dans l'histoire d'amour, le film dans le film.
Hiroshima mon amour, c'est tout simplement l'histoire d'amour de deux êtres qui ont vécu les drames de la guerre à des milliers de kilomètres l'un de l'autre, et qui on le devine ont eu à subir les mêmes humiliations en sortir de la guerre, la défaite pour lui, et la sanction de se voir tondue pour elle, mais surtout la perte d'un être cher. L'homme finalement n'est là que pour servir de béquille à ce cinéma pas tout à fait en miroir, "Tu n'as rien vu à Hiroshima", la réponse d'un individu traumatisé par une folie guerrière et qui depuis porte des œillères non pas pour oublier mais pour se protéger.
La raison est différente, mais les conséquences sont les mêmes, l'histoire de cet homme qui trouve cette femme, et de cette femme qui trouve cet homme, qui s'aiment, et qui petit à petit va devenir son confident, mais aussi son cataplasme.
Pour en revenir au fond, la réalisation est tout bonnement brutale puisque les premières scènes vous prenant à froid assènent des images puissamment crues, accompagnés par les voix des protagonistes dans un discours presque poétique. Le film apparait autant comme une histoire d'amour qu'un discours contre la guerre et la bombe atomique, parfois néanmoins un peu simple dans sa forme quant à la symbolique de ses scènes, on assiste néanmoins à un beau contraste entre le passé et le présent et toujours cette évocation constante du passé dans le présent tant par les actes que par les confidences; le tout relevé par les dialogues plutôt sympathiques d'une Marguerite Duras encore jeune scripte (elle ne fut néanmoins pas la seule) on a là une magnifique réalisation sur un amour rempli de tendresse et de passion, un joli témoignage plutôt original sur le passé, et un discours sur la bombe atomique qui a plus d'impact que tous les hurlements de manifestants contre les armes de destruction massive. En bref un film d'amour, sur la paix.