"Hiroshima mon amour", je t'aime !

Le film prend fin, et je me surprends bouche bée, les yeux écarquillés, immobile. Je venais de me prendre ce qu'on appelle communément une claque cinématographique. En même temps, qui aurait deviné qu'une oeuvre portant sur Hiroshima puisse être aussi poétique, si belle ? Disons plutôt que ce film prend Hiroshima comme exemple de la monstruosité humaine, développée lors de la Seconde Guerre mondiale.
Mais reprenons les choses dans l'ordre, il s'agit avant-tout d'une histoire d'amour, une aventure amoureuse, devrais-je dire, entre un architecte japonais et une actrice française, venue au Japon pour tourner un film sur Hiroshima. Tous deux sont mariés et vivent dans leur nation respective, leur amour est donc impossible. Et pourtant, bien que l'actrice rejette à plusieurs reprises ses avances et déclarations, ce japonais amoureux va s'accrocher à ses sentiments et la pousser à dévoiler le douloureux souvenir qui la hante.
L'amour que cette française éprouve pour la ville d'Hiroshima vient probablement du fait qu'elle soit la preuve la plus frappante que les Alliés (Français, Américains, Anglais) ont bel et bien pris part à l'injustice de la guerre, comme il a été question dans son passé. On note, dans ce film, la mise en avant du côté paisible et lent d'Hiroshima à l'heure actuelle, comme le calme après la tempête. En réalité, "Hiroshima mon amour" présente une certaine dualité. Les images vacillent entre violence et tranquillité, foule et vide, ville et désert. Les scènes des deux amoureux sont chargées d'émotions, allant de beaucoup tendresse, de proximité, voire de complicité à une profonde tristesse de se séparer, se rejeter. La lenteur du film permet de percevoir l'intensité de la souffrance et de l'amour palpables. Comme il l'est dit et répété: "Tu me tues, tu me fais du bien". Sans compter que les plans et les cadrages sont superbement maniés, du grand cinéma quoi. Je conçois que ce film ne puisse pas être apprécié de tous, mais je pense qu'il est à avoir vu au moins une fois dans sa vie, le cinéma français peut en être fier !