Je suis un homme simple. Quand un film d'animation japonaise passe près de chez moi, je vais le voir. Même si mon ciné a la très mauvaise idée de le diffuser sous la bannière "Moins de 9 ans".
Bref, la bande-annonce d'Hirune Hime m'avait intrigué pour son concept de rêve qui caricaturait la réalité. Le problème, c'est que le film est loin d'être exempt de défauts. Et quand je vois les gens le comparer à Your Name, je me dis que j'aurais dû me méfier.
Sweet Dreams
Le film nous narre l'histoire de random lycéenne n°572, un bon vieux cliché comme on n'en fait qu'au Japon. Elle a perdu sa mère très jeune, le dialogue avec son père est compliqué et elle ne sait pas quoi faire plus tard. Mais comme toutes les lycéennes lambdas, elle a un super pouvoir : elle rêve de sa vie sous forme d'un conte de fées. Cool.
Un jour, son père se fait adultnapper par un homme barbu qui inspire la confiance et la gentillesse. Notre lycéenne, armée d'une peluche, d'un IPad et d'un ami d'enfance (qu'elle réunit dans cet ordre) part à sa recherche.
Assez vite, on arrive à un constat assez triste : les phases oniriques sont plus agréables à suivre que les phases réelles. Là où les secondes se contentent de nous montrer un road movie somme toutes consensuel, les premières traitent de sujets passionnants tels que le taylorisme, le rapport à la nouveauté ou le deuil. Dommage que tout cela ne soit pas traité de manière plus approfondie passé le premier quart d'heure.
Et surtout, LE truc qui m'a fait pleurer tellement c'est casse-bonbon, c'est le QI des personnages du monde réel. Ils sont, mais TOUS cons. Quelques exemples pêle-mêle (en spoiler, mais c'est pas méchant) :
Des sbires attendent les deux héros à la sortie d'une station-service. Pour leur échapper, ceux-ci décident d'activer le pilote automatique de leur moto pour que celle-ci emmène les méchants vers une mauvaise direction. ET CA MARCHE ! Les gars ne se rendent pas compte (alors qu'ils sont à 2 mètres hein) que la moto est vide ! Et pendant ce temps, les autres s'enfuient pépère...
Machine utilise un réseau social pour contacter son père ("je suis à la gare Truc, tu es où ?"), sans soupçonner un seul instant que la police peut la localiser ainsi.
La police intercepte ces messages mais ne fait rien...
(Notez au passage que ni le père ni la fille ne mettent un code pin sur leur portable)
Des amis du père captent également ces messages et décident de payer un billet de train au jeune couple...pour leur dire une fois arrivés qu'il ne fallait surtout pas venir. MAIS BANDE DE CONS, C'ETAIT PAS PLUS SIMPLE DE LE DIRE VIA LA MESSAGERIE ???
Et pendant ce temps-là, comme si ça ne suffisait pas, les phases oniriques se cassent la gueule en beauté en faisant intervenir des combats de méchas géants et un voyage dans l'espace...
Heureusement elles amènent aussi un bon plot twist au milieu du film, qui relancerait presque l'intérêt...si celui-ci n'était pas si vite mis de côté...
Et puis le final part dans tous les sens, il se passe à 90% dans les rêves, avec de très courts passages dans la réalité, la fille tombe on sait pas comment, le père enfile un Occulus Rift pour faire du vélo, on pige rien, et un deus ex machina vient assurer la happy end (mais littéralement hein, c'est une machine qui fait tout le boulot à la fin).
Et au final c'est le générique (muet) qui raconte la meilleure partie de l'histoire. Voilà.
Dreams of an absolution
Ca c'était pour l'histoire, maintenant parlons du reste : graphiquement les personnages sont pas moches du tout, ils ont même une patte proche de celle de Mamoru Hosoda, et ça c'est cool. On ne peut pas en dire autant des décors par contre, en particulier ceux en 3D qui ont l'air d'être animés à 3fps (y'a une scène onirique où le couple tourne autour d'un pont, je vous jure que ça fait mal aux yeux tellement c'est pas fluide).
La musique est pas dégueu du tout. C'est finalement le point fort du film. Quand aux doubleurs (vu en VOST), ils font le taff, sans jamais imposer une quelconque originalité.
Bref, Hirune Hime c'est confus, les personnages sont pas attachants, les thèmes les plus intéressants sont expédiés en 5 secondes et ça pique parfois les yeux.
Dommage qu'un film avec un aussi bon synopsis galère autant à nous raconter une histoire vraisemblable. Enfin, j'imagine qu'effectivement, ça occupera les enfants de moins de 9 ans pas trop exigeants, mon ciné avait raison.