Dommage pour cet attirant synopsis d'immense vente d’œuvres d'art qui se révèlent être des contrefaçons, car la forme que prend ce documentaire Netflix nous empêche de nous faire notre propre avis. A écouter la conservatrice qui a acheté les toiles à une mystérieuse jeune femme qui a un jour déboulé avec des œuvres à plusieurs millions dans son coffre de voiture, on a déjà des doutes (c'est un peu gros), mais alors qu'on essaie de se persuader de l'infinie crédulité de la vieille dame, d'autres voix résonnent en écho de chacune de ses interventions pour nous hurler : "Elle ment !". Comme un bourdon (musical, pas l'insecte à rayures), ces objections pour nous dire que tout n'est que complot et escroquerie en bande nous font pencher constamment dans le parti-pris tendancieux du documentaire (qui aurait dû être plus objectif). De même que les preuves sont présentées de telle façon à ce qu'on bascule rapidement dans la théorie du "elle était au moins un brin consciente de la machination, même sans être forcément complice du complot de base, elle a juste prétendu sa conviction d'authenticité pour se sauver de la justice". On s'est aussi pas mal ennuyé dans le montage d'interviews statiques qu'entrecoupent seulement des photos des œuvres et des documents signés, une rigidité formelle qui nous a fait décrocher par moments (surtout pour entendre toujours la même chose en boucle : "Je suis sûre qu'ils sont vrais." - "Elle ment !"). Même la dernière inscription
"Ann Freedman vend toujours des œuvres."
sonne comme une petite phrase ironique, à l'humour grinçant qui nous prive surtout de notre libre-arbitre, on ne peut pas choisir de la penser totalement innocente (même si ce n'est pas ce que l'on pensait forcément, on aurait apprécié d'avoir le choix de réfléchir par nous-mêmes). Une intrigue intéressante sur le papier, mais à la forme ratée qui associe images statiques ennuyeuses et discours tendancieux redondants.