Histoires de cannibales par Ryo_Saeba
Juste après son succès critique mais échec commercial de Butterfly Murders, Tsui Hark décide cette fois de réaliser une kung fu comédie gore sur fond de polar. Il s'inspire des films d'horreur italiens des années 70 comme Au pays de l'Exorcisme (Man from the deep River), Cannibal Holocaust / Ferox mélangeant leurs visions des cannibales et d'image horrifiques avec un humour et des situations typiquement chinois. Les combats de kung fu comique et la partie impliquant un grand travestie amoureux sera reprise dans un des ses film sorti peut après : All the Wrong Clue.
Il faut dire que le rythme du film est tout de même assez soutenu enchaînant kung fu, gore et comédie mais le niveau comique du film est vraiment de très bas niveau tout comme la majorité des passages de combats qui ne sont pas très bien chorégraphiés. Dans le casting, on retrouve encore une fois ce bon vieux Eddy Ko (on a l'habitude maintenant) qui s'en sort encore très bien ainsi que Melvin Wong en voleur et Norman Chu dans le rôle principal du policier. Pas mal de seconds rôles présents dans Butterfly Murders jouent également dans ce film, avec quelques têtes qui ne s'oublient pas.
Beaucoup ont cherché à tirer des métaphores et explications du film de Tsui Hark en comparant par exemple l'île des cannibales au communisme chinois (ce qui n'a pas de sens) ou encore à l'île de Hong Kong (déjà plus cohérent pour une critique du capitalisme), on a vraiment dit tout et n'importe quoi, mais à mon avis, il n'y rien de tout ça dans Histoires de Cannibales, ou du moins ce n'est pas la volonté de Tsui Hark de le mettre en avant. D'ailleurs Tsui Hark mentionne bien que à l'époque, si ces éléments étaient présents, c'était plus de façon inconsciente que volontaire.
De mon point de vue, Histoires de Cannibales est tout simplement encore une fois un mélange, une expérimentation comme Tsui Hark n'a jamais cessé d'en faire, avec ses chefs d'œuvres et ses ratés, qui rend à la fois hommage au cinéma italien des années 70 mais tout en gardant l'identité des films chinois de l'époque avec du comique de bas niveau. Un moyen également de voir jusqu'où il pouvait aller mais la censure s'est vite occupé de son cas en interdisant le film peu après sa sortie et le public tout comme la critique qui l'avait pourtant salué lors de son précédent film ne l'ont pas suivi. Cela ne la pourtant pas empêché, bien au contraire, de sortir par la suite le très sulfureux L'Enfer des Armes.
A voir donc pour les amateurs de cat 3, films d'horreur et cinéma Bis ainsi que pour les amoureux de Tsui Hark qui veulent voir toute sa filmographie. Pour les autres, passez votre chemin, vous risquerez d'être déçu.