Résultat de l’association de deux savoir-faire farouches, Histoire de fantôme chinois est une épopée romanesque relevée à la sauce kung-fu ésotérique complètement allumée qui ne manque pas de rythme ni d’émotion. Sur le papier, la promesse d’un mélange des genres aussi improbable avait de quoi laisser circonspect, à l’écran, l’harmonie est bel et bien présente, le résultat d’un duo d’acteur qui trouve le meilleur au fur et à mesure que le film narre leur amour impossible.
Car avant toute chose, Histoire de fantôme chinois est une très belle histoire d’amour, qui ne tombe jamais dans la mièvrerie, et réussit à jouer la carte de l’humour pour ne pas verser dans le cul-cul la praline. Résultat, on y croit, on tombe amoureux de la splendide Joey Wong en même temps que Leslie Cheung essaye de la conquérir, chose qu’il réussit sans trop forcer, ce bougre naïf au cœur pur.
Pour tempérer l’amourette des deux tourtereaux et jouer le rôle de passerelle entre réel et monde onirique, un moine un peu allumé du caisson mais hardi épée au poing n’hésite pas à se lancer dans un rap litigieux quand il ne bute pas du monstre en jouant le cabri virtuose. Dans ce personnage et ce qu’il représente, à savoir un humour un peu débile complètement assumé, se trouve à mon sens la frontière qui sépare les adorateurs acharnés de cette péloche bien barrée et les autres, ceux qui ont beau la trouver belle et fougueuse, mais restent toutefois un peu sur la réserve.
En effet, si le génie des deux hommes à l’origine du projet est indiscutable, que leur mise en scène, ainsi que tout le boulot monstre qu’ils abattent en terme d’effets visuels (les mort-vivants mis à part, qui peinent un peu à se mouvoir, le stop motion se sent un peu trop), l’alliance d’un humour bas de plafond très présent avec cette esquisse d’un univers fantastique complètement frapadingue est parfois un peu cavalière, typique, j’en suis conscient, de ce cinoche bien à part, mais que j’ai un peu de mal à appréhender par moment quand elle est trop présente.
Histoire de fantôme chinois est toutefois un très chouette moment, parce qu’il est habité par un trio d’acteurs tellement impliqué qu’on a, en permanence, la banane en suivant leurs frasques, mais surtout parce qu’il est traversé par des passages touchés par la perfection visuelle, comme ce premier baiser acro-aquatique qui trouve à l’écran une harmonie graphique si somptueuse qu’elle ne quitte plus notre caboche jusqu’à ce que le film se finisse. Comment marquer les esprits en une scène furtive mais sublime.
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