Le recyclage selon Luc Besson
Cette adaptation du jeu édité par Eidos en 2000 était guettée par les fans. Luc Besson et sa boîte de production EuropaCorp ont eu la très bonne idée de se ruer sur le projet, flairant immédiatement le bon coup.
Le synopsis : l'agent 47, un tueur à gages dressé pour tuer par une compagnie secrète, doit remplir un nouveau contrat : assassiner le président Belacoff (Ulrich Thomsen). La mission ne se déroule pas comme prévu et le tueur à la cravate rouge réalise qu'on lui a tendu un piège. Le seul témoin de la machination orchestrée par le président russe est sa séduisante maîtresse Nika Boronina (Olga Kurylenko) que l'agent 47 va s'efforcer de protéger tout en luttant contre les services secrets russes, Interpol, et autres assassins zélés.
Adapter un jeu vidéo au grand écran relève de deux grands défis : plonger les fans dans leur ambiance favorite tout en gardant un scénario crédible pour les non-connaisseurs. A la vue d'Hitman, on hésite à le ranger aux cotés des BloodRayne et autres Resident Evil (1, 2 et 3, le crescendo du ridicule), c'est-à-dire les adaptations honteuses, ou dans la catégorie des productions navrantes d'EuropaCorp (Riders, le Transporteur 1 et 2, etc). Luc Besson engloutit totalement le projet en mettant Xavier Gens à la réalisation.
Le résultat se retrouve à mi-chemin entre Léon et le Transporteur, la qualité du premier en moins. L'agent 47 suit méticuleusement son protocole pour mieux le briser tout à coup (comme Frank Martin) afin de protéger une jeune fille en détresse. Il apprendra à ses côtés la tendresse et la compagnie d'un être humain (repompe du duo Jean Reno-Nathalie Portman). Et bien entendu, pour compléter le décor: des gunfights à l'arme lourde, des répliques chocs et surtout des méchants très cruels.
Le problème d'une adaptation comme Hitman, c'est le rôle titre. Le musculeux Vin Diesel et son crâne déjà rasé étaient pressentis pour incarner l'agent 47 mais c'est Timothy Olyphant (vu récemment dans le rôle du méchant sur Die Hard 4) qui a endossé le costume. Paradoxalement, il arrive à être convaincant sur les scène d'actions mais pas lors de scènes plus sensibles. En résumé, le sourire ne lui va pas. Il faut attendre près de trois quarts d'heure pour sa première phrase aimable et toute sa crédibilité s'envole en un instant. Le reste du casting laisse penser à une honnête production de série B avec Robert Knepper (Prison Break) en agent russe sadique, et Dougray Scott (Desperate Housewives, Mission Impossible...) en agent obstiné d'Interpol. La seule lumière, comme souvent chez Luc Besson, vient du physique irréprochable d'Olga Kurylenko.
Les scènes d'action étaient voulues comme un hommage au jeu mais elles se retrouvent très brouillonnes et confuses. La mode actuelle, c'est la torture tendance Saw ou Hostel, donc Hitman y va de son petit sévice en copiant outrageusement Jigsaw (« Vivre ou mourir, c'est à vous de chosir »). Le reste proposant gunfights en mode invincibilité pour le héros et combat à l'arme blanche digne d'un candidat d'Incroyable Talent.
Incroyable, c'est aussi finalement la capacité de Luc Besson de réduire à néant le matériau de base de ses productions. Certes, le défi n'était pas aisé, tant Hitman erpose sur son ambiance immersive, à l'image de Resident Evil ou Silent Hill, mais ce Hitman là ne touche que très rarement sa cible et disparaîtra rapidement des mémoires. C'est peut-être là le plus bel hommage à l'agent 47 : agir et se faire oublier.