Je voudrais être un homme pour taper les méchants avec les pieds

La série Walker Texas Ranger a égayé de nombreuses années les dimanches après-midi pluvieux d'une multitude de téléspectateurs dont je faisais partie. A titre personnel elle m'a fait échapper un paquet de fois au rituel du Scrabble chez mes grands-parents et je lui en serais donc éternellement reconnaissant.

Elle reste associée à la chaîne TF1 chez nous mais de l'autre côté de l'Atlantique c'est sur le fameux réseau CBS qu'elle a été diffusée entre 1993 et 2001. Gros succès oblige les frères Norris ont vu de nouvelles opportunités s'ouvrir à eux et en 1998 est produit directement pour la télévision et CBS ce Logan's War : Bound by Honor qui obtiendra chez nous une ribambelle de patronymes différents et surtout un peu à l'ouest. Je ne sais pas quand le film a été diffusé en France mais Hitman le tueur à gages c'est avant tout un agent chauve héros d'une série de jeux vidéo, mais passons.

La filiation de ce téléfilm avec la série est évidente même s'il est totalement indépendant et que l'on ne retrouve pas notre justicier texan botteur de culs. Ici Chuck Norris incarne un personnage secondaire, l'oncle du héros qui est un ancien Ranger militaire champion de kick-boxing et multi-décoré, qui vit sa retraite dans un ranch immense du Nouveau-Mexique toujours coiffé d'un Stetson où il passe son temps à s'entraîner et à monter des chevaux ( pour les aficionados de Norris il y a dans son ranch une photo de lui et de sa femme Gena O'Kelley ainsi qu'une photo extraite de Delta Force 2, clins d'oeil plutôt marrants ). Je vous l'avais dit l'ombre de Walker n'est jamais loin d'autant que l'on retrouve au casting une multitude de gueules qui ont officié sur la série notamment Jeff Kober et R. D. Call qui sont réellement nés pour jouer des salopards. Il faut voir l'épisode où ce-dernier joue une sorte de néo-Hitler c'est fabuleux.

Dans ce film il incarne un mafieux parrain d'une grande famille ( dont le logo renvoie étrangement à la famille Tattaglia du Parrain tiens ). Comme tout Don digne de ce nom il a une splendide villa, de belles voitures, des filles, fume des gros cigares et a une armée de gorilles pour le protéger. Et surtout il est italien.

Personne n'ose réellement s'opposer à lui sauf un juge, le père du personnage principal qui est tué froidement au début du film. Le petit garçon voit donc mourir sous ses yeux son père, sa mère et sa sœur ( il manquait le chien pour décrire la famille américaine traditionnelle ) mais échappe au massacre grâce à des pouvoirs extra-sensoriels lui permettant de sentir le danger, un peu comme Spider-Man en fait. Ce trait de caractère est vraiment mal amené et peu crédible et est surtout un prétexte pour justifier les faiblesses du scénario. Il sera recueilli par Chuck pour devenir un homme et potentiellement se venger plus tard.

Compte tenu des contraintes de temps et de moyens inhérentes à son format, ce téléfilm va vite. Logan grandit rapidement, devient un militaire comme son oncle puis un héros en flinguant un bataillon de rebelles à lui tout seul tout en sprintant entre des mines et décide après tout ça de finaliser sa vengeance ( bah oui le bougre s'est entraîné pour ça quand même ). En somme un parcours digne de son illustre oncle. Tout ça est donc mis en boîte dans une production dont la structure et la mise en scène sont archétypales des œuvres télévisuelles américaines de l'époque. Il y a par exemple beaucoup de fondus au noir lors de petits climax qui suggéraient l'insertion d'une publicité. Il y a des effets de style très marqués et pas très subtils, je pense à ces flash-back redondants teintés de rouge ( la couleur du sang ben oui tu la vois ma subtilité ?? ) qui viennent rappeler le traumatisme du héros, c'est tout juste si on n'en voit pas une dizaine. Les personnages sont tous des stéréotypes et c'est très manichéen et moralisateur à l'image encore une fois de la série Walker Texas Ranger. Cependant la fin est ambigüe et un peu ouverte puisque après être devenu juge et bourreau Logan devient officiellement recherché par le FBI et par l'agent joué par Joe Spano, un personnage qui n'a d'ailleurs aucune utilité et qui n'influe en rien sur le scénario. Pour autant il y avait le potentiel de créer une suite voir une série à part entière avec Logan qui aide des victimes en mode vigilante traqué par les autorités. Est ce que cela a été envisagé je n'en sais rien.

Tout ça ne casse pas trois pattes à un canard mais malgré tout ça reste plutôt regardable en prenant le film pour ce qu'il est, surtout pour les fans comme moi de Chuck Norris.

Il laisse la vedette à Eddie Cibrian qui est crédible, à l'aise dans les séquences de combat et qui a un peu l'allure de Sasha Mitchell croisé avec Dean Cain. C'est bien sympa mais nous c'est Chuck que l'on veut voir et il ressurgit de nulle part pour épauler Logan lors de la séquence finale, l'occasion pour lui de distribuer quelques bourre-pifs et surtout son fameux kick où il explose le pare-brise d'une voiture lancée à vive allure sur lui. Un coup de maître qu'il avait déjà exécuté dans un épisode de Walker Texas Ranger. Il récidive ici et envoie R.D Call ad patres. Honnêtement le film pourrait valoir le coup rien que pour ça.