Attention chérie ça va canarder.
En ce moment, pour (re)devenir une star et créer le buzz, il faut jouer dans un grindhouse-movie. On pensait le genre enterré, mais fréquemment une nouvelle production fait son apparition, en nous ressortant une ancienne gloire du placard, comme Kurt Russell dans Boulevard le Mort, ou en nous mettant sur un piédestal un second rôle, comme ce fut le cas avec Michael Jai White et son Black Dynamite ou Danny Trejo et son Machete. C'est donc au tour de Rutger Hauer, icône des années 80 grâce à son personnage de Roy Batty dans Blade Runner, de revenir sur le devant de la scène.
Nouvel arrivé dans une ville inhospitalière, Hobo (Rutger Hauer) va découvrir à quel point le vice y est un état d'esprit. Dirigée par Drake (Brian Downey) et ses deux fils, habitée par des toxicomanes, des prostituées et faussement protégée par une police corrompue, Hobo va devoir faire le ménage, armé d'un fusil à pompe, et envoyer ad-patres cette lie de la société.
Amateurs du n'importe quoi, réveillez-vous, car une nouvelle référence du genre vient de naître. Sous ses airs de Defendor, nous dépeignant un héros symbole du paria dans la société actuelle, et se révélant être le seul ayant encore une conscience, Hobo se détache néanmoins de son prédécesseur pour nous servir un divertissement sans concessions. Ici le sang coule à flots, la violence y est omniprésente, et notre héros ne présente aucun états d'âme, dégommant sur son passage tous ceux qui font de cette ville en enfer.
Oubliez Machete, ses baisses de régime, sa morale ou ses scènes de cul, ici tout est décomplexé pour nous servir quelque chose se situant entre le grindhouse, le gore façon Braindead et les productions Nikkatsu (The Machine Girl, Tokyo Gore Police...). Des ninjas qui découpent des gens, du massacre à la tondeuse, des enfants brulés au lance-flammes, de la décapitation à la plaque d'égout, en somme une défouloire à vous faire jubiler sur votre canapé et pousser de grands éclats de rire.
On voit que c'est canadien (les panneaux en français trahissent), mais pourtant on est loin du cachet habituel en provenance de ces contrées, bien plus propre dans sa photo et bien moins cheap dans ses effets grand-guignol.
Bref, Hobo with a Shotgun est une excellente surprise que les nostalgiques qui ont toujours Rutger Hauer dans leur coeur ne pourront qu'applaudir.
Après Nick Nolte le clodo qui baisait votre femme, voici Rutger Hauer le clodo qui vient sauver vos miches.
C'est techniquement bien foutu, mais pas trop, histoire de ne pas trop détoner du genre, et surtout ça distrait, ça défoule, et ça repousse encore un peu plus loin les limites de l'absurde (même si Rubber les a déjà amplement repoussées). Les acteurs ne sont pas en reste, et l'on adore les deux frangins limite Chivers, aussi fumiers que leur père, campé par un Brian Downey qui surjoue à en faire rougir Bela Lugosi. Certaines répliques sont à mourir de rire « si la vie t'offre des lames de rasoir, fais en une batte de lames de rasoir », et je vous passe la mise en application de ce proverbe inédit.
Pour conclure, si vous êtes tenté par l'idée de passer 1h30 dans une ville pourrie en compagnie d'un Rutger Hauer soutenu par une prostituée qui en a dans le soutif, le tout abondamment sirupeux d'hémoglobine, vous serez aux anges. Ceux qui en revanche n'ont aucun second degré et ne comprennent pas l'intérêt de ce genre de boucherie n'y verront qu'un énième enfant absurde du High Concept.
Mention spéciale évidemment pour Rutger Hauer, un badass old-school comme on en fait plus, et qui nous montre que les vieux de la veille, à défaut d'avoir des plaquettes de chocolat, sont velus, crados et en ont encore suffisamment dans le slip pour nous servir du spectacle qui en fout plein les mirettes. A quand un grindhouse-movie avec Malcolm McDowell ?
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