Un biopic trop court pour être captivant et subtil

Quasiment inconnu du public international, Hajime Hashimoto s’attaque à un monument de la peinture japonaise et signe un biopic déséquilibré. Le problème vient de son rythme et de sa durée. Tout s’enchaine beaucoup trop vite dans ce film - les rencontres, les compétitions, les œuvres – ce qui empêche le spectateur d’éprouver une quelconque émotion à l’annonce de la mort d’un personnage clé dans la vie du peintre comme face aux rares scènes de sa vie de couple, pétries de clichés. Le réalisateur, prisonnier d’une durée de seulement 90 minutes, opte même pour une énorme ellipse de 50 ans, sans prévenir le spectateur, qui passe quelques minutes à essayer de recoller les morceaux sur l’identité des personnages. Paradoxalement, l’ennui pointe le bout de son nez à de nombreuses reprises lors de scènes contemplatives où, malheureusement, l’enjeu scénaristique reste trouble.

Le film joue donc sur une ellipse pour reprendre du souffle. Si la première partie était vive, faite de costumes somptueux, de tapisseries murales sublimes, de dialogues savoureux, au montage rapide et au contexte politique sur la liberté artistique appuyé mais pas approfondi, c’est bien la seconde moitié du long-métrage qui emporte le spectateur. L’image, teintée de vert et de bleu, est magnifique. Le réalisateur parvient à capturer la fièvre qui anime le peintre lors de sa création : burlesque et hyperactive lors d’une tempête en pleine rue, surprenante avec un pot de peinture renversé, sensorielle et poétique dans le final. L’acteur très fade et pas souvent juste de la première moitié laisse place à un acteur sobre mais très émouvant, sur lequel on sent le passage des années. La quête de beauté du peintre, aussi bien artistique que lors de voyages à travers le Japon, permet au film de se conclure avec les honneurs.