Hormis DUNE PART II, c’est sans doute le film que j’attendais le plus cette année et, fort heureusement, ce ACROSS THE SPIDER VERSE est un pur miracle de cinéma. C’est le parfait exemple du film qui crée un univers cohérent et logique avec du chaos en continu. En effet, en s’intéressant au multivers, il y avait le risque de trop-plein, d’éparpillement, de sortie de route, d’overdose. Heureusement, il n’en est rien. Si de nombreux personnages sont introduits dans le film avec leur présentation plus ou moins conséquente et réussie (Miguel, Jessica, Pavitr, Hobie), les trois réalisateurs restent toujours concentrés sur les aventures et la quête identitaire de Miles Morales, en développant non seulement sa psyché et sa personnalité, mais aussi en donnant plus de place aux quatre personnes qui comptent le plus dans sa vie : ses parents, son mentor Peter B. Parker et son amie Gwen.


En ouvrant le film sur vingt minutes dédiées à Gwen, le film assume le parallèle du destin, des obstacles et des épreuves que rencontrent les différentes variations du super-héros. Le multivers, si bien exploité dans ce film, rappelle plusieurs fois la canonisation de la vie de tous ces héros piqués par une araignée. Le film soigne aussi son approche de l’adolescence. Gwen et Miles ont chacun leur parcours durant le film, mis face à des choix entre leurs émotions, leur devoir et leur ambition, pour mieux définir qui ils sont et justement briser le canon et tracer leur propre route. On tient là un très beau duo de cinéma. Le film développe aussi finement le thème de la parentalité avec pas moins de 4 personnages (la mère et le père de Miles, Peter B. Parker, le père de Gwen) qui se questionnent sur leur légitimité à être parent, leur technique d’éducation, la proximité et la confiance qu’ils accordent à leur enfant.


Si le seul défaut du film est narratif (la place de second opus avec cliffhanger et twist), c’est bien par le récit, les thématiques et les personnages, que ACROSS THE SPIDER VERSE conquiert le spectateur. La dernière partie, à la fois tragique et épique, intime et globale, en est la très belle preuve. Le film ne s’égare jamais dans son récit et, en tant que blockbuster, n’oublie pas le spectacle. Il sera de plusieurs facettes. Tout d’abord, les trois réalisateurs rythment leur film de scènes d’action époustouflantes, où l’étendue des pouvoirs que possèdent les Spider-Men est révélée, avec des destructions, des mouvements, des effets de groupe et de foule, des paysages et des bâtiments que seule l’animation peut exploiter et donner de l’ampleur. Les réalisateurs se permettent de donner le vertige avec la fluidité des combats alors que se côtoient constamment des personnages aux textures et les techniques d’animation différentes (pastel, aquarelle, patchwork, lego, graffiti, 3D, crayon).


La générosité de l’animation se retrouve à la fois lors de la réunion de toutes ces influences et styles, mais aussi au sein d’un même univers. C’est sans doute le plus beau film d’animation que j’ai pu voir à ce jour, notamment en grande partie grâce aux scènes dans l’univers de Gwen, d’une beauté à couper le souffle, où les émotions de l’héroïne sont retranscrites par des couleurs pastel ou en aquarelle, tantôt nettes, tantôt en flash, tantôt coulantes, avec des contrastes sublimes lors d’une interaction. Qualifier ce deuxième opus de chef d’œuvre est très facile quand on voit le travail apporté à chaque détail, de la sensation de gravité, les effets d’échelle et de gigantisme, les gags visuels, l’humour et l’attention portée à la musique, qui épouse les états d’âme et l’identité de chaque protagoniste et parvient à être cohérente avec l’animation, les univers et les personnages.


lucaslm98
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le 8 juin 2023

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