Afin de produire encore plus de films, pour encore moins d'argent, Roger Corman trouva une terre sainte du nom de Philippines, où non seulement la main-d’œuvre n'était pas très chère, interchangeable, mais aussi également pouvoir fournir de la logistique grâce à l'aide du président Marcos, qui gouvernait alors le pays d'une main de fer.
Les documentaires de Mark Hartley, consacré aux films bis australiens, et à la Cannon, jouissent d'une grande réputation, méritée, et celui-ci n'échappe pas à cette règle tant c'est passionnant et instructif. Durant près de 90 minutes, il y a énormément de personnes interrogées (Roger Corman, Joe Dante, John Landis, Pam Grier, Christopher Mitchum, Sid Haig...), et s'ils reconnaissent que les films n'étaient pas terribles, ils portaient aussi la patte de leur célèbre producteur, accusé à un moment de roublardise. A savoir une dose de sexe et de violence, des tournages très rapides, peu importe la sécurité ou les revenus, mais en contrepartie, les réalisateurs pouvaient faire à peu près ce qu'ils voulaient. Il y a notamment toute une partie consacrée aux films de femmes en prison, avec souvent Pam Grier dans le même genre de rôle où elle tombait très vite le haut, assez drôle, car de manière ironique, ce sont des actrices qui défendent ce qu'elles ont fait en parlant de films féministes.
Le documentaire est très bien monté, avec des infos qui fusent de toutes parts, où tous se demandent avec le recul ce dans quoi ils ont tournés, et la politique entre aussi dans la partie avec l'aide logistique de Marcos, qui leur fournira des hélicoptères, des véhicules ou des armes. C'est également lui qui a largement aidé Francis Ford Coppola sur le tournage d'Apocalypse Now, évoqué dans le documentaire.
Même si les 90 minutes sont très courtes, au point que ça continue durant le générique de fin, on sent quand même la joie et la fierté d'avoir fait de tels films, qui auront eu leur succès dans les années 1970, jusqu'à ce que l'arrivée coup sur coup des Dents de la mer et d'un certain film de George Lucas feront passer le cinéma à une autre dimension.
C'est fun en diable, je n'aurais pas grand-chose à dire de plus, et sous couvert de coproductions entre les Etats-Unis et les Philippines, c'est aussi en filigrane un portrait admiratif de Roger Corman, qui a donné sa chance à énormément de grands noms du cinéma, y compris dans ces productions fauchées.