Hollywwod n'est plus ce qu'il était...
Le passage du petit au grand écran de Allen Coulter était attendu. S’étant illustré dans des séries comme « Sex & the City », « Les soprano », « Six feet under » on comptait sur un film bouillant et décalé au langage percutant, et l’on y trouve qu’une œuvre filiforme, non dénuée de charme, mais manquant cruellement de fièvre.
Le scénario pourtant se voulait ambitieux. Nous sommes à l’aube des années 60, fin de la grande époque d’un Hollywood, confronté à la concurrence de la télé et qui n’est plus que la caricature de ce que donnèrent pendant quarante ans les grands studios. La rentabilité à tout prix, les scandales provoqués, les magouilles sont devenus les maîtres à penser de cet univers moribond. Le rêve y trouve encore sa place, mais il tient de l’illusion. A l’image de Georges Reeves, jeune premier sur le tard, qui veut devenir un Spencer Tracy, là où s’imposent les figures de légendes « qui parlent dans leurs dents » à la James Dean ou Marlon Brandon. Plus escort boy que véritablement acteur, il trouvera son salut, et par là même sa perte en incarnant Superman à la T.V. Le 16 juin 59, on le retrouve mort, une balle dans la tête. Suicide ? Meurtre ? C’est au tour de Louis Simo, détective privé fiévreux d’entrer en scène. Il revendique la thèse du meurtre, plus par opportunisme que par conviction.
Ce sont deux marginaux qui évoluent dans un milieu hostile. Reeves, incarné avec conviction par Ben Affleck, le pseudo acteur empâté ringard, naïf rejeté et gaussé par tous et Simo, ardent Adrian Brody trop égal à lui-même ici, le détective qui est l’antithèse du privé de l’époque, débraillé, il ne fume pas, ne boit pas. Ces deux individualités sont jumelles. Pugnaces, sûr d’elles, elles caressent un idéal de vie qui leur est et sera à jamais inaccessible et s’avèrera douloureux.
Ce film pêche par manque d’ambition et on ne peut que le regretter. Certes la partie relative à l’univers de Georges Reeves est plutôt bien menée et inspirée. Mais ces efforts louables s’effondrent quand il s’agit de l’enquête avec son traitement trop aseptisé et un peu conformiste.
Il manque à l’ensemble l’incandescence et le bouillonnement de ces années un peu trash, marquée à jamais sous le sceau des clichés provoquajnts et acérés de Life Magazine.