En 1985, tout juste sorti de l’université, Will Allen, un jeune cinéaste idéaliste rejoint une communauté appelée “Buddhafield”, située à West Hollywood. En réalité, il s’agit ni plus, ni moins d’une secte qui tourne autour de la spiritualité et du New Age, tout en incorporant diverses traditions orientales, hindouistes et bouddhistes.
Il y restera pendant 22 ans, durant lesquelles il sera le vidéaste officiel, filmant toutes les sorties, séances de spiritualité et autres mises en scènes du gourou. C’est ainsi que l’on se retrouve avec une mine d’informations en termes d’images d’archives. Deux décennies d’images prises sur le vif au sein de cette communauté vivant en vase clos.
Ce qui est intéressant à travers ce documentaire, c’est la façon avec laquelle les anciens membres se livrent sur leurs expériences vécues au sein de la secte. Dans la première partie, tous sont dithyrambiques concernant les années qu’ils y ont passées. Cela leur a permis de se découvrir de l’intérieur, ils ont formé une véritable une famille avec tous les membres de la communauté, ils vouaient tous un culte envers leur chef, si bien que pendant près de la moitié du film, si l’on ne sait absolument pas ce que l’on est en train de voir (ce qui fut mon cas), on est persuadé que cette secte était “the place to be”, à en voir les commentaires élogieux. Sauf que dès la deuxième partie, le vernis commence à se craqueler et vient nous conforter dans nos doutes. En réalité, ils ont tous subi un lavage de cerveau, ils étaient tous à la merci de leur gourou et finiront même par subir (essentiellement les hommes) des viols à répétition pendant de nombreuses années.
Le film met en lumière ce qu'était Bouddhafield à sa création aux débuts des années 80 et comment le maître spirituel et ses disciples ont pu vivre ainsi, sans que personne ne lève le petit doigt concernant les agissements de leur chef. On y découvre Jamie Gomez (aussi appelé "Andreas", “Michel Rostand” ou “Reyji”), qui a eu une courte carrière dans le porno avant qu’il ne trouve sa voie dans la spiritualité (ou plutôt, le bullshit), en lobotomisant ses disciples et tout en nourrissant son narcissisme maladif et se baladant quasi exclusivement en moule-bite, avec du eye-liner (il vouait un culte à son image et avait régulièrement recours à la chirurgie esthétique, si bien qu’il ne ressemble plus à grand chose à la fin du documentaire).
« Un acteur désoeuvré qui a trouvé le rôle de sa vie. »
L’autre intérêt du film, ce sont les témoignages d’anciens disciples qui ont accepté de témoigner face caméra (le réalisateur ayant été un membre de leur communauté, nul doute que cela a aidé à délier les langues et à se livrer sur ce qu’ils ont vécu et le traumatisme qu’ils ont subi). On découvre ainsi comment, après tant d'années aux bons soins de leur gourou excentrique, ils en sont venus à perdre leur innocence spirituelle, leur propre identité et pire, toute capacité à prendre des décisions pour eux-mêmes (ils ont été littéralement lobotomisés).
Holy Hell (2016) vient nous rappeler les conséquences et les risques liés aux dérives sectaires, tout en braquant les projecteurs sur un gourou à la perversion narcissique. Ce dernier, souvent inquiété par les autorités, il n'a jamais été condamné, il lui suffisait à chaque fois de déménager et de changer de nom (raison pour laquelle il a plusieurs pseudos). Aux dernières nouvelles, il est toujours actif et s'est installé à Hawaï, avec un nouveau groupe d'adeptes.
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