L’adoption internationale, le couple, le désir d’enfant, l’enfant abandonné, le Cambodge…Autant de thèmes abordés par Bertrand Tavernier dans Holy Lola…
D’abord le couple uni puis instable, formé par les formidables Isabelle Carré et Jacques Gamblin dont Tavernier brosse un portrait déchirant (Pierre et Géraldine sont inspirés des témoignages directs de plusieurs adoptants). Il reste au plus près de leur intimité, les accompagne dans des sentiments parfois difficiles, eux qui vont se retrouver perdus entre espoir et agonie, à deux doigts d’oublier toute éthique…
On plonge au cœur de l’adoption individuelle, où candidats à l’adoption courent à la chasse aux papiers, aux tampons et aux signatures, dans un des pays où justement l’adoption internationale a toujours été compliquée et parasitée…Avec malaise et tristesse, on visite les orphelinats de Phnom Penh. Avec colère, on rage devant la corruption qui fait passer en priorité les adoptants au bras long devant les autres. Et on a le cœur chamboulé devant le regard de ce tout petit garçon atteint du SIDA qui ne connaîtra jamais la chaleur d’un foyer aimant…
Tavernier rend bien sûr aussi hommage au Cambodge, pays à l’histoire chaotique et tragique, en filmant plusieurs scènes poignantes…
Enfin, je voulais signaler la présence au générique de Rithy Panh, dans le rôle d’un fonctionnaire incorruptible. L’auteur-réalisateur cambodgien (Les gens de la rizière, Le papier ne peut pas envelopper la braise, L’élimination…) cite Victor Hugo au détour d’une des dernières scènes du film, magnifique et pudique : «L’Immuable harmonie se compose des pleurs aussi bien que des chants »…
Souvent filmé caméra à l’épaule, au plus près des personnages, magnifiquement interprété, un film sincère, respectueux et lucide. Essentiel et inoubliable.