Holy Motors est le film qui a soi-disant électrisé le dernier festival de Cannes, et pour sûr, le film est doté d'une énergie créatrice inimaginable.
Leos Carax revient plus de 10 ans après son précédent film et nous offre une rétrospection et un hommage à sa propre filmographie et, osons aller plus loin, au cinéma. Il offre pour cela une dizaine de rôles à son acteur fétiche Denis Lavant, un rôle pour autant d'années de perdu à ne pas faire de film.
Holy Motors raconte l'histoire d'un homme, Monsieur Oscar, arpentant Paris dans sa limousine aux grès de ses différents rendez-vous. Chaque arrêt il change d'identité et de vie, passant du riche homme d'affaire de la finance à la vieille mendiante roumaine en passant par un tueur à gage et par Monsieur Merde... Qui est-ce ? Un acteur ? Où sont les caméras ? Pourquoi ? ... Autant de questions qui fourmillent dans notre tête devant cet incroyable film introduit par un prologue où l'auteur lui-même s'interroge sur son art, le cinéma.
Plus loin encore, on pourrait imaginer que Carax s'interroge sur le monde lui-même, devenu triste et où après la mort, il n'y a rien... C'est pour ça qu'il faut "rire avant minuit", en profiter avant que ça ne se termine car rien ne suit après...
Holy Motors transporte le spectateur de cinéma et surtout l'amateur d'art. La mise en scène de Carax est totalement libre (l'interlude musical calé grâce à un simple panneau "entracte") mais très énergique. Les différents segments nous emportent à chaque fois à leur manière jusqu'au paroxysme : la scène de la Samaritaine avec la voix de Kylie Minogue où Monsieur Oscar est vraiment Monsieur Oscar, entre deux rendez-vous. Denis Lavant est exceptionnel, toujours convaincant et à la hauteur du défi proposé par Carax.
Holy Motors est un film très ambitieux pour un retour sur les feux de la rampe. Carax réalise un film complètement fou...pour la beauté du geste !