Autopsie d'une enfance perdue
L'annonce du décès de Robin Williams m'a chamboulé, un acteur qui aura marqué mon enfance grâce à des rôles marquants, notamment celui de Peter Pan dans ce "Hook" de Steven Spielberg. C'était l'occasion rêvée de revoir ce film dont j'avais largement usé la VHS il y a déjà bien longtemps ...
Au bout de quelques minutes la magie opère malgré tout ce temps où je ne l'avais pas vu, mais comme le vélo ça ne s'oublie pas ce genre de madeleine. Le conte de Peter Pan est donc reprit par Steven Spielberg en imaginant plus ou moins habilement un futur où le personnage aurait vieillit loin du Pays Imaginaire et aurait fondé une famille en fuyant son principe premier, celui de ne pas vieillir.
La première demi heure est efficace dans le sens où elle saupoudre une féerie par petite dose sur une réalité très terre à terre, celle de Peter Banning, homme d'affaire ne se souciant guère de ces propres enfants, le kidnapping de ces derniers vont le ramener au Pays Imaginaire où il devra reprendre ses marques malgré ses réticences et retrouver l'enfant perdu qui est en lui. Belle allégorie concernant ce visionnage, car en repensant au film avec du recul je le voyais puéril voir débile, il suffit simplement d'oublier ses aprioris et se laisser guider pour retrouver cette nostalgie si chère à notre mémoire.
La rencontre avec les enfants perdus m'a bouleversé, comment ai-je pu oublier cette séquence si émouvante, sérieux j'ai eu les larmes aux yeux, renforcée forcément par l'actualité ... On se (re)glisse avec plaisir dans ce conte où même les méchants sont attachants, Dustin Hoffman est tout à fait génial en Capitaine Crochet épaulé par le bagou de Bob Hoskins (lui aussi disparu cette année), les dialogues sont, pour le registre enfantin, plutôt soignés, passé l'heure de film on passe un excellent moment de divertissement.
On suit ensuite la ré-initiation douloureusement récréative de Peter, ses duels maladroits au sabre, ses sauts dans la peinture, ses banquets invisibles ... Il retrouve peu à peu son enfance, sa volonté d'éluder toute réalité cruelle et matérialiste de l'âge adulte tandis que Crochet institutionnalise son enfant, en prenant soin de lui comme son propre fils, sa descendance, pour faire réagir Peter devant son devoir de père.
Les flashbacks pour argumenter la narration sont astucieusement mis en scène, avec toujours cette réalisation singulière made in Spielberg accompagnée par la musique toujours parfaite de John Williams.
Après ces pensées agréables la revanche va sonner, son cri résonne, le duel s'annonce épique, et même si le combat final est un peu bordélique tout est vraiment efficace pour un divertissement à la hauteur de ses ambitions, avec à la fin un message tout à fait perceptible de l'adulte responsable, compréhensible et aimant face à ses enfants.
Un peu dommage que l'on n'évite pas certains clichés narratifs comme l'évolution trop rapide de Peter Pan ou celle de son fils (et inversement) avec Crochet, mais le talent de Williams et Hoffman fait clairement mouche durant cette dernière partie.
"Hook" a été un véritable plaisir a revoir depuis le temps, et c'est là que le film prend tout son sens, d'avoir oublié tout ce qui était magique et féerique dans le cinéma pour nous mettre à la figure notre condition d'adulte pleins de principes, Spielberg avait tout compris ...